Anti-vieillissement, l’acide hyaluronique est largement connu pour ses vertus anti-rides, pas tout à fait le domaine de prédilection des sages-femmes ! Mais détrompez-vous, ce glycosaminoglycane a plus d’un tour dans son sac, et s’impose petit à petit en gynécologie.
L’acide hyaluronique : qu’est-ce que c’est ?
L’acide hyaluronique est un glycosaminoglycane réparti dans le corps humain, notamment dans les tissus conjonctifs, les tissus nerveux et les tissus épithéliaux. Cette substance détient une grande particularité puisqu’elle peut retenir jusqu’à 1000 fois son poids en eau ce qui lui confère un rôle important dans l’hydratation et la tonicité des tissus. Outre son apport par injections ou par l’application d’onguents, on trouve aussi l’acide hyaluronique dans les aliments : épices (curcuma, safran), plantes aromatiques (coriandre) kiwi, dinde, poivrons, huile de foie de morue, crête de coq( broyage industriel).
Pourquoi l’acide hyaluronique ?
Des événements comme l’accouchement, ou le vieillissement soumettent les organes génitaux féminins à de l’inconfort (sécheresse, irritation, démangeaison), des douleurs (dyspareunies, cicatrice d’épisiotomie fibreuse et/ou sensible, vulvodynies).
Le vieillissement affecte la zone vulvaire par la diminution d’œstrogènes, ce qui entraîne l’amincissement de la muqueuse vaginale, elle devient plus fragile, perd de sa souplesse et de son élasticité. Ces mécanismes de protection naturels ne sont plus aussi efficaces et le risque d’infection augmente. Les problèmes liés à l’élasticité se rencontrent lors de la ménopause, mais aussi chez certaines femmes en âge de procréer.
L’acide hyaluronique, en activant la prolifération des fibroblastes, la régulation de la production de collagène, la prolifération et différenciation des keratinocyte, etc, corrige les altérations de la sphère génitale (séquelles obstétricales, vieillissement, lichen, effets secondaires de traitements hormonaux…). Il sera indiqué pour la cicatrisation des muqueuses, pour les cystites récidivantes, une perte de trophicité vaginale ou bien des lésions cervicales.
En pratique ?
Lorsqu’une femme consulte plusieurs mois après un accouchement, avec une cicatrice périnéale douloureuse et/ou des dyspareunies, les sages-femmes peuvent se sentir démunies, tout comme la patiente. Des solutions existent ! Alors si, à ce jour, la prescription et l’injection d’acide hyaluronique ne s’inclue pas dans les compétences des sages-femmes, les femmes peuvent être toutefois informées de cette alternative.
Ces problématiques génitales touchent la femme dans toutes ses dimensions, physique, psychique, mais aussi sur le plan conjugal, d’où l’intérêt de pouvoir informer et orienter ces femmes vers des techniques innovantes et efficaces.
Alors que peut-on leur dire ?
Il s’agit d’une procédure d’environ 20 minutes pratiquée par un dermatologue, gynécologue, médecin esthétique. Elle consiste à injecter l’acide hyaluronique, selon les indications, au niveau vulvaire et à l’entrée du vagin via une aiguille sous-cutanée ou bien dans les grandes lèvres à l’aide d’une petite canule, après anesthésie locale.
Les injections vont renforcer l’hydratation et permettre de restructurer la muqueuse, de diminuer les douleurs et les irritations ou démangeaisons. Ses résultats sont rapides pour une durée de quelques mois à une année. Ils seront potentialisés par des séances de radiofréquence, la reprise d’une activité sexuelle prolongera ses effets et une rééducation du périnée sera aussi bénéfique.
Les effets indésirables sont exceptionnels (hématome, démangeaison, gonflement). Il existe des contre-indications: la grossesse, l’allaitement, des zones de signes cliniques inflammatoires et/ou infectieux d’origine virale, bactérienne ou fongique et les patientes en cours de traitement pour ces pathologies.
Les antécédents de maladies auto-immunes ou les traitements immuno-thérapeutiques sont à prendre en compte.
Et si les patientes n’abordent pas le sujet de sécheresse, de douleurs, dyspareunie... ne pas hésiter à leur poser la question, car souvent elles n’osent pas en parler par pudeur, ou bien par honte.
Sources :
James Meschino DC, MS, ND. Encapsulated Hyaluronic Acid : An Essential Nutrient For Ageless Skin and the Reversal of Wrinkless
Mac Bride MB et al : vulvovaginal atrophy, Mayo Clin Proc. 2010 Jan ; 85 (1) 87-94
Levine KB et all : vulvovaginal atrophy is strongly associated with female sexual : dysfunction among sexually active postmenopausal women. Menopause. 2008 Jul-Aug :15 (4 Pt 1) : 661-6Temporal trends in sperm count: a systematic review and meta-regression analysis
Hagai Levine Niels Jogensen, Anderson Martino-Antrade, Jaime Mendiola, Dan Weksler-Derri, Irina Mindlis, Rachel Pinotti, Shanna H Swan.
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