Le vaginisme est une contraction réflexe, involontaire, douloureuse de toute la musculature périnéale et péri vaginale rendant la pénétration impossible.
Le point avec Sophie Rocher, sage-femme sexologue.
Vaginisme primaire ou secondaire?
Dans la plupart des cas, le vaginisme est primaire et total. Il s’agit d’une femme vierge dont la pénétration pénienne et au doigt sont impossibles, de même pour l’examen gynécologique sous spéculum. Cette femme n’a jamais, pu explorer son vagin, utilisé de tampon périodique, et fréquemment elle appréhende de regarder son sexe dans un miroir (inhibition sur le regard). Par contre, désir et plaisir clitoridien sont présents.
Ceci met en avant la question du choix du partenaire, plus ou moins inconsciente. En effet, une femme vaginique choisira un homme plutôt timide, avec parfois des difficultés de confiance en lui dans le domaine sexuel, voire qui présentera des troubles de l’érection, un homme qui ne pourra pas accomplir ce que la femme craint. C’est pour cette raison, que le couple ainsi constitué autour du symptôme, et vivant une relation érotique satisfaisante, ne viendra consulter que lors du désir d’enfant.
Mais généralement, rares sont les femmes présentant un vaginisme primaire parvenant à tomber enceintes par un rapport sexuel classique. Beaucoup ont recours à la PMA, sans même que le gynécologue ne les interroge sur leur mode de procréation. D’ailleurs, dans la plupart des cas, ces femmes accoucheront par césarienne. D’où l’intérêt de proposer des consultations de sexologie dans les services de PMA, où la prévention de ces situations aberrantes est efficace.
Les causes à rechercher sont des antécédents d’agression ou de traumatisme sexuel (chaque rapport est vécu avec le souvenir du traumatisme antérieur), une éducation stricte ou une sexualité présentée négativement par les parents, un schéma corporel problématique (cause la plus fréquente).
Il y a également le vaginisme secondaire. Celui-ci est souvent partiel, secondaire à une période de dyspareunie (mycoses à répétition, cicatrice d’épisiotomie,…)
L'importance de l'anamnèse
Les sages-femmes devraient être capables de découvrir un vaginisme au cours de l’interrogatoire médical, avant même l’examen gynécologique. Ne pas juger, ni interpréter, ni vouloir absolument faire parler la patiente sur un antécédent de traumatisme.
Si cela n’est pas toujours évident, il semble toutefois essentiel de poser systématiquement la question sur d'éventuelles souffrances sexuelles ou d’antécédents de violence chez toutes nouvelles patientes. En tant qu’enseignante intervenante auprès des étudiants sages-femmes en master 1 et 2, j’invite tous les futurs professionnels à apprendre à poser ce type de questions.
Ensuite, il est nécessaire d’orienter, de travailler en multidisciplinarité, car la plupart du temps, la souffrance n’est pas que physique, mais aussi conjugale, sociale et psychologique...