La question du respect dans les soins périnataux prend une place croissante dans le débat public et professionnel. Une étude récente, menée à l’échelle nationale en France, révèle qu’un quart des femmes déclarent avoir vécu des attitudes, paroles ou gestes perçus comme irrespectueux lors de l’accouchement ou du séjour post-partum. Quels enseignements en tirer pour la pratique des sages-femmes ?
Les sages-femmes occupent une place centrale dans l’accompagnement des femmes en période périnatale. Pourtant, le respect des patientes reste un sujet sensible, parfois insuffisamment pris en compte dans l’évaluation de la qualité des soins. Une étude menée auprès de 7 394 femmes ayant accouché en France métropolitaine, à partir de l’Enquête Nationale Périnatale (ENP) 2021, apporte un éclairage inédit sur la fréquence et les déterminants du ressenti d’irrespect dans les maternités.
Quelques chiffres clés
L’analyse finale porte sur 7 332 femmes suivies à deux mois post-partum. Parmi elles, 24,8 % rapportent avoir été confrontées à des attitudes, paroles ou gestes perçus comme irrespectueux de la part des professionnels de santé, principalement durant le séjour post-partum. Ce phénomène touche davantage les femmes nullipares, celles ayant un niveau d’éducation élevé, celles qui ont élaboré un projet de naissance, ou encore celles ayant accouché par voie instrumentale ou césarienne. Les femmes ayant des antécédents psychiatriques ou présentant une détresse psychologique prénatale sont également surreprésentées parmi celles ayant vécu une expérience négative.
Facteurs associés et pistes de réflexion
L’étude montre que le fait d’allaiter est aussi associé à une perception accrue d’irrespect. En revanche, l’âge, le lieu de naissance, le statut marital, le niveau de risque de la grossesse, la présence de complications obstétricales ou néonatales, la durée du séjour ou les caractéristiques des maternités n’apparaissent pas comme des facteurs déterminants.
Ces résultats soulignent l’importance d’une attention particulière aux femmes présentant un profil vulnérable, mais aussi la nécessité de réfléchir collectivement aux pratiques professionnelles susceptibles d’être mal perçues, même involontairement. Les sages-femmes, en tant que garantes de la sécurité et du bien-être des femmes, ont un rôle clé à jouer pour prévenir ces situations et garantir une prise en charge respectueuse à toutes les étapes de la maternité.
Pour une pratique réflexive et bienveillante
Au-delà des chiffres, cette étude invite à une réflexion sur la communication et l’accompagnement des femmes, en particulier lors du séjour post-partum, période souvent marquée par la fatigue et la vulnérabilité. Elle rappelle que le respect, la bienveillance et l’écoute sont des piliers essentiels de la relation soignant-soigné. Les sages-femmes, par leur position privilégiée, peuvent contribuer à instaurer un climat de confiance et à promouvoir une culture de la bientraitance au sein des équipes.
Un quart des femmes ressentent un manque de respect lors de leur accouchement ou de leur séjour post-partum. Agir sur la communication et la qualité de l’accompagnement est un enjeu prioritaire pour les sages-femmes, afin de garantir à chaque femme une expérience positive de la maternité.