Accouchement difficile, manque de soutien, stress, plusieurs facteurs de risque peuvent provoquer une dépression du post-partum. Mais pour cette étude publiée dans la revue « Brain and Behavior », la saisonnalité influence aussi le risque de dépression du post-partum.
La dépression du post-partum touche 10 à 20% des femmes dans les semaines qui suivent la naissance. Avec un risque suicidaire élevé, la dépression du post-partum constitue la 2e cause de mortalité du post-partum. C’est pourquoi les mères nécessitent une vigilance particulière lors de cette période. La sensibilisation des professionnels de santé tout comme l’entourage de la mère est primordial pour savoir déceler les signes et proposer un accompagnement adéquat pour favoriser la qualité de vie des femmes et la relation mère-enfant.
Caractérisée entre autres par un état de tristesse, d’irritabilité, une humeur fluctuante, une fatigue importante, une incapacité de s’occuper de soi et de son bébé, elle est susceptible de survenir lorsqu’il existe des facteurs de risque. Parmi eux, un antécédent de dépression, de pathologie psychiatrique, l’isolement social, une grossesse et ou un accouchement compliqué-e, … Pour cet article, publié dans la revue « Brain and Behavior », accoucher en été, en, hiver, au printemps ou en automne influencerait également le risque de dépression du post-partum.
La saison et la dépression
Les troubles affectifs saisonniers ont été décrits pour la première fois dans les années 80 par le psychiatre Norman E. Rosenthal. Ces troubles seraient liés à la chronobiologie et la diminution de la photopériode. Mais qu’en est-il pour la dépression du post-partum ?
Pour répondre à cette question, des chercheurs ont inclus 1 096 articles. Dans cette méta-analyse, cinq publications comprenant 103 986 ont satisfait les critères d’inclusion. Ces études montrent une association entre changements saisonniers et dépression du post-partum. Les femmes qui accouchent en hiver présenteraient un risque plus élevé de dépression du post-partum comparativement à celles qui accouchent lors des autres saisons.
Les femmes ayant accouché au printemps (rapport de risque [RR] : 0,96 [0,92–1,00] ; p = 0,08 ; I2 = 0%) ou en été (RR : 0,88 [0,73–1,05] ; p = 0,16 ; I2 = 79%) ne présentaient pas de risque significativement plus faible de dépression du postpartum, par rapport à celles ayant accouché en hiver.
Les femmes ayant accouché en automne présentaient une réduction significative de 14 % du risque de dépression du postpartum, par rapport à celles ayant accouché en hiver (RR : 0,86 [0,75–0,99] ; p = 0,04 ; I2 = 65%).
Pourquoi la saison influence le risque de dépression ?
Certains facteurs pourraient expliquer le risque plus élevé de dépression du post-partum en hiver. Un explication évidente est celle du manque de luminosité des journées plus courtes en hiver par rapport aux autres saisons.
Selon certains auteurs (Bilu et al.2020), une lumière de forte intensité influence le bon fonctionnement du rythme circadien.
Les niveaux de mélatonine pourraient expliquer la corrélation entre la durée des journées plus courte en hiver et un risque accru de dépression (Srinivasan et al., 2006 ).
Blume et al. (2019) ont également noté l'association entre la réduction de la durée du jour, qui peut entraîner moins d'activités en plein air et une moindre exposition à la lumière, et un potentiel accru du transporteur de sérotonine peut être corrélé à l'humeur dépressive.
Pour Kim et al (2014), soutien social insuffisant peut augmenter considérablement le risque, donc rester à l'intérieur, avoir moins d'activités en plein air et moins d'interactions sociales pendant l'hiver peuvent réduire le sentiment de soutien dont la mère a besoin en post-partum.
Faut-il redoubler d'attention en hiver ?
Cette étude montre une association entre la variation saisonnière et la dépression du post-partum. Elle attire l’attention sur les tendances saisonnières, sur le renforcement de la détection précoce pour prévenir le risque de développer une dépression du post-partum.
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