A 24 ans, une femme sur trois a déjà eu une infection urinaire dans sa vie. Motif fréquent de consultation, il s’agit souvent d’une infection post-coïtale.
Les infections urinaires en général
Qui n’a pas déjà consulté pour une infection urinaire ? Les infections urinaires sont très fréquentes : 150 à 250 millions de personnes sont concernées chaque année, dans le monde. Elles touchent davantage les femmes, avec un risque de récidive plus élevé (environ 20% de récidive de cystites) et il faut savoir aussi que l’incidence augmente avec l’âge.
Chez les jeunes femmes, quand il y a une infection urinaire, il s’agit plus souvent d’une infection urinaire post-coïtale.
Chez les femmes ménopausées, les infections urinaires sont plus souvent liées à la carence hormonale mais aussi à une atonie vésicale, un prolapsus avec vidange vésicale incomplète.
Plus rarement, l’infection urinaire peut être en lien avec une malformation, un obstacle, un sondage urinaire.
L’infection urinaire post-coïtale
L’infection urinaire survient rapidement après un rapport sexuel. Les femmes présentent une cystite (brulures urinaires, pollakiurie, douleurs sus-pubiennes, sans fièvre, ni douleurs lombaires). A tendance récidivante, le trouble urinaire altère la qualité de vie des femmes et plus particulièrement leur sexualité si bien que certaines déclenchent une dyspareunie orificielle, n’ont plus de plaisir ou refusent les rapports. Il est à noter que ce trouble n’est pas une IST.
L’infection urinaire post-coïtale est fréquente au début de la vie sexuelle, au changement de partenaire, mais cela peut arriver à tout âge.
Les étiologies sont diverses, liées à la lubrification, à des particularités anatomiques, l’implantation du méat, la longueur de l’urètre, …
Ces infections urinaires proviennent du vagin et sont souvent associées aux colibacilles favorisés par le biotope vaginale, un excès d’hygiène, un problème immunologique. Le coït favorise la remontée des germes.
Comment prévenir ?
Quelques précautions peuvent éviter le développement d’une infection urinaire post-coïtale :
- Boire plus d’1,5 L par jour
- Uriner toutes les 3/4h, Eviter que l’urine stagne, vider sa vessie après un rapport
- Prévenir avec des therapeutiques permettant d’éviter l’adhésion d’E.Coli au niveau de la paroi vésicale (ce qui peut éviter également la prise d’antibiotique)
- Surveiller les urines avec une bandelette urinaire
Quel traitement ?
Le traitement antibiotique probabiliste recommandé est :
- En première intention, la fosfomycine trométamol en dose unique
- Le pivmecillinam
- Puis la nitrofuratoïne ou triméthoprime ou les fluoroquinolones
La prévention est primordiale car si les germes n’adhèrent pas à la paroi vésicale, il n’y a pas d’infection et pas de prise d’antibiotique (ce qui limite le risque de résistance dans le temps).
D’autres perspectives non médicamenteuses ?
L’ortosiphon (connu aussi sous forme de thé avec le thé de Java) est une espèce de plante originaire d’Asie du Sud-Est). Cette plante médicinale est connue pour de nombreuses propriétés diurètiques, antifongiques et antibactériennes.
Elle va contrer la virulence des bactéries responsables d’infection urinaire en inhibant leur adhésion et en les privant de fer (sans fer la bactérie ne se multiplie pas). Les flavones polyméthoxylées que la plante contient, ont une action diurétique et anti-inflammatoire chez l’hôte.
Même si les propriétès sont interessantes, à ce jour, les données cliniques dans la prévention urinaire chez l’homme sont encore peu nombreuses.
Le D mannoseest un sucre fabriqué naturellement par l’organisme mais non métabolisé. Il est utilisé pour lutter contre la prolifération des bactéries responsables d’infection urinaire telles que l’E.Coli.
On peut le trouver dans la canneberge, la myrtille, la pomme, l’orange, dans la sève de certains arbres et même dans le marc de café.
Il est absorbé à 90% avec une dose quotidienne de 1 à par jour par voie orale. Le D mannose passe dans la circulation sanguine et il excrété au niveau rénal.
Le D mannose a fait l’objet de plusieurs études chez l’homme dont deux méta-analyses (Lenger et al.2020, Kryriakides et al.2020). Les études portent sur le D mannose seul ou en association, pendant une durée de traitement de 3 à 6 mois et un dosage de 420 mg à 2 g.
Les données montrent son efficacité dans la prévention des infections urinaires récidivantes (vs placebo). Ses effets son similaires à ceux des antibiotiques utilisés à titre préventif. Il dimininu l’incidence des inconforts urinaires et améliore la qualité de vie des femmes.
L’Association Européenne d’Urologie a cité dans ses recommandations de 2021 le D Mannose comme alternative non antibiotique dans la prévention des infections urnaires récidivantes (Bonkad et al.)
Enfin, la canneberge contient des proanthocyanidines susceptibles d’inhiber l’adhésion bactérienne à l’épithélium urinaire. Une revue Cohrane remise à jour en 2023 a montré que la prise de canneberges sous forme de jus, de comprimés, de gelulles a réduit le nombre d’infections urinaires chez les femmes, chez les enfants et les personnes ayant eu une intervention au niveau de la vessie. Par contre, les données ne permettent pas de recommander un dosage précis.
Par ailleurs, la Société Infectieuse de Pathologie Infectieuse de Langue Française cite en 2018 la cannegerge comme moyen de prévention d’infection urinaire récidivante (avec un dosage de 36 mg) tout comme l’Association Européenne d’Urologie.