La rétention urinaire est une complication rare du post-partum dont la prise en charge varie selon les équipes. Dans une étude publiée dans le European Journal Obstetrics and Gynecology and Reproductive Biology, des chercheurs du CHU de Lyon ont étudié les facteurs de risque afin de pouvoir en dégager une prise en charge optimale.
La rétention urinaire du post-partum : Complication rare mais handicapante
La rétention urinaire du post-partum, dont l’incidence varie de 0,45% à 0,9% selon les études, se caractérise par l’incapacité à vider complétement la vessie 6 h après un accouchement vaginal ou 6h après le retrait d’une sonde à demeure pour une césarienne. La physiopathologie de la rétention urinaire du post-partum n’est pas très bien connue. Toutefois, des facteurs de risque sembleraient être impliqués. Les identifier permettrait de prendre en charge précocement les cas de rétention urinaire post-partum et d’éviter des complications supplémentaires.
Une étude rétrospective cas-témoins pour identifier les facteurs de risque
Pour identifier les facteurs de risque, l’équipe du CHU de Lyon a mené une étude rétrospective comparative cas-témoins incluant 96 patientes ayant accouché voie basse dans chacun des 2 groupes.
Les critères de sélection étaient l’absence de miction dans les 6heures suivant l’accouchement, associée à des résidus post-mictionnel supérieur à 400 ml. Les résidus post-mictionnels ont été mesurés avec un bladder scanner.
Les chercheurs ont collecté les données concernant les caractéristiques des patientes (âge maternel, parité, primiparité, IMC avant grossesse , gain de poids moyen), les caractéristiques d'accouchement (durée du travail> 360 minutes, instruments , déchirure périnéale), volume de liquide administré pendant le travail entre l'accouchement et la première miction, les caractéristiques de l'anesthésie péridurale (volume de anesthésie locale pour péridurale> 50 ml, dose d'anesthésie locale pour péridurale> 50 mg, durée anesthésie péridurale> 500 minutes) et complications périnéales (hémorroïdes, œdème vulvaire, hématome périnéale).
Les résultats
L’étude a montré que pour un accouchement voie basse, une augmentation du risque de rétention urinaire était associée à un accouchement instrumental (OR 13.42, 95 %CI [3.34;53.86], p=0.0002), une absence de miction spontanée avant de quitter la salle d’accouchement (OR 6.14, 95%CI [2.56;14.73], p<0.0001), la présence d’un œdème vulvaire et une dose locale d’anesthésie supérieure à 50 mg. L’analgésie péridurale est considérée comme un facteur de risque de rétention urinaire car elle affecte la sensibilité et la contractilité de la vessie. Le type d’anesthésiant (morphine, catapressan, lidocaïne) et la dose jouent un rôle important sur la vidange mictionnelle post-partum.
La douleur, liée à une déchirure périnéale, épisiotomie, ou bien à la présence d’hémorroïdes, peut entraîner un spasme urétéral reflexe et une rétention urinaire. Les AINS doivent être envisagés en première intention.
Le bladder scanner pour toutes les patientes à risque, une piste à creuser
À ce jour, il n’y a pas de recommandation sur l’utilisation du badder scanner en routine. Cet outil pourrait être une piste à investiguer. C’est pourquoi, comme le concluent les auteurs, d’autres études sont nécessaires pour évaluer l’utilisation systématique du bladder scanner après l’accouchement chez les patientes à risque.
Référence : Identification of Risk Factors for Postpartum Urinary Retention Following Vaginal Deliveries: A Retrospective Case-Control Study Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol. 2019 Dec;243:7-11. doi: 10.1016/j.ejogrb.2019.10.001. Epub 2019 Oct 9.