Une nouvelle étude française de grande ampleur démontre que le contact peau à peau durant les tout premiers jours de vie chez les grands et très grands prématurés favorise un meilleur développement cognitif à cinq ans. La portée clinique de cette pratique, déjà reconnue pour ses effets physiologiques et relationnels, s’élargit ainsi au devenir neurodéveloppemental de l’enfant — une donnée essentielle pour les équipes de périnatalité.
Un geste simple aux bénéfices durables
Le peau à peau consiste à installer le nouveau-né contre la poitrine nue de ses parents, favorisant ainsi une proximité sensorielle immédiate dès la naissance. Si cette pratique est recommandée de longue date dans les pays à faibles ressources pour améliorer la survie, elle a trouvé sa place dans les unités françaises pour ses effets sur la stabilisation physiologique et le lien d’attachement. Jusqu’alors, ses bénéfices à long terme sur le développement cognitif restaient peu documentés par des cohortes robustes.
Une étude nationale pour étayer les preuves
Fruit d’une collaboration Inserm, INRAE, Université Paris Cité et Sorbonne Paris Nord, l’analyse s’appuie sur la cohorte Epipage-2, englobant près de 2500 enfants nés entre 24 et 31 semaines de grossesse dans les unités françaises de néonatalogie. Un enfant sur deux a bénéficié de peau à peau dans la première semaine de vie. À cinq ans, tous ont été évalués par des tests standardisés de QI et de repérage des troubles comportementaux.
Des progrès cognitifs mesurables à cinq ans
Les enfants ayant bénéficié du peau à peau au cours des sept premiers jours de vie affichaient, en moyenne, +2,3 points sur les tests cognitifs par rapport aux autres. Ce bénéfice était particulièrement marqué chez les grands prématurés (+2,9 points), alors qu’il restait modéré pour les plus immatures. Cette différence s’expliquerait par le faible recours à la pratique chez les enfants nés les plus prématurément en 2011, tendance désormais révolue grâce à la sensibilisation du secteur.
Pas d’effet démontré sur les difficultés comportementales
L’étude n’a pas retrouvé d’association entre peau à peau et diminution du risque de troubles comportementaux à cinq ans. Le bénéfice du contact précoce semble donc avant tout concerner le volet cognitif, sans effet structurel sur le profil comportemental des enfants inclus dans la cohorte.
Des soins centrés sur les familles
Au regard des résultats, le contact peau à peau apparaît comme une intervention clé pour le neurodéveloppement du grand prématuré. Il soutient la recommandation de favoriser la non-séparation, l’aménagement de chambres parentales et l’intégration des pratiques relationnelles dès les soins intensifs. Au-delà de l’attachement, c’est désormais le futur cognitif des enfants qui bénéficie d’une simple proximité corporelle dans les premiers jours de vie.