Selon cette nouvelle méta-analyse, le contact peau à peau entre la mère et son nouveau-né, dit « méthode kangourou » réduit de plus de 30% le risque de mortalité et de 15% le risque d’infection grave des prématurés.
Un peu d’histoire
C’est à Bogota, en Colombie, que des médecins Drs Edgar Rey Sanabria et Martinez ont mis en place, en 1979, des soins pour les nouveau-nés au plus proche de la physiologie : les soins Kangourou. Alternative à l’incubateur, cette technique facilement réalisable et à faible coût était initiée chez les prématurés et les nouveau-nés à faible poids pour réduire le risque d’infection nosocomiale. La méthode consiste à mettre en peau en peau la mère et le nouveau-né. Cette méthode est aujourd’hui recommandée par l’OMS comme programme de soin.
La méthode Kangourou : de plus en plus d’études
La revue Cochrane, en 2016, avait déjà démontré une réduction significative du risque de mortalité chez les nourrissons de faible poids. Depuis la littérature ne cesse de s’enrichir de nouvelles données et récemment c’est une équipe indienne du Jawaharlal Institute of Postgraduate Medical Education and Research (JIPMER) qui vient de publier une revue de la littérature à ce sujet dans le British Medical Journal.
La méta-analyse donne un bilan positif de la méthode Kangourou et apporte des précisions sur sa mise en place.
Ce travail a inclus 31 essais portant sur 15 559 nourrissons (< 37 sa et <2500 g). Parmi ces essais, 27 ont comparé la méthode Kangourou aux soins conventionnels et 4 ont comparé la mise en place précoce de la méthode à sa mise en place tardive.
Favoriser le contact peau à peau : Que du positif
L’étude publiée dans le BMJ révèle que par rapport à des soins classiques, la méthode kangourou permet de réduire de 32% le risque de mortalité à la naissance des nouveau-nés nés prématurés ou de faible poids (risque relatif (RR) 0,68 ; intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,53 à 0,86 ; 11 essais, 10 505 nourrissons ; preuve de haute certitude) et ce pendant les 28 jours qui suivent la naissance. Les auteurs mettent également en évidence une réduction du risque d’infection grave de 15% (RR 0,85, IC à 95 % 0,79 à 0,92 ; neuf essais ; preuve de certitude modérée).
L’analyse en sous-groupe a permis de démontrer que la réduction de la mortalité était valable, quel que soit l’âge gestationnel, le poids à l’inclusion, le moment de l’initiation et le lieu d’initiation.
Les résultats de la méta-analyse précisent que l’initiation tôt de la méthode kangourou, dans les 24 heures après la naissance, comparativement à la méthode tardive, réduit les risques de mortalité à 28 jours de 33% (RR 0,78, IC à 95 % 0,66 à 0,92 ; 3 essais, 3533 nourrissons, données probantes de haute certitude) et Il réduit – moins significativement - le risque de septicémie clinique jusqu'au suivi de 28 jours (RR 0,85, IC à 95 % 0,76 à 0,96 ; données probantes de faible certitude).
Aussi, la réduction du risque de mortalité est plus grande, lorsque le peau à peau est pratiqué au moins 8 heures par jour.
En conclusion, pour bénéficier des résultats optimaux de la méthode kangourou, les auteurs prônent la mise en place du peau à peau dès que possible après la naissance (au moins dans les 24 heures) et au moins 8 heures par jour. Ils insistent sur de nouvelles perspectives d’études portant sur les freins et les facilitateurs de la mise en place de la méthode Kangourou dans les établissements et également sur les effets neurodéveloppementaux à plus long terme.
Photo de Letticia Massari: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/registre-de-parto-14584964/