Le peau à peau s’impose dans nos maternités et pour cause : des points positifs pour les nourrissons comme pour les parents ! Mais comment en profiter en toute sécurité ? Après l’analyse des données scientifiques, le GREEN propose des recommandations pratiques pour sa réalisation en néonatologie et en salle de naissance.
Pourquoi des recommandations sur le peau à peau ?
Le peau à peau se définit par le « portage d’un enfant vêtu simplement d’une couche et d’un bonnet, entre les seins de sa mère ou contre le torse du père ».
Pour ses nombreux bénéfices (sur les paramètres physiologiques : fréquence cardiaque, respiratoire, saturation, sur le maintien de la température, favorise l’allaitement et la relation d’attachement, diminue la mortalité…), cette méthode ou plutôt ce soin s’est progressivement imposé dans les pays industrialisés. Mais initialement il s’est mis en place en Colombie en 1978 pour diminuer les infections nosocomiales des nourrissons qui partageaient les incubateurs.
Les parents peuvent recourir au peau à peau à tout moment, sur une période d’au moins 60 minutes. Cependant pour éviter des accidents - des études ont décrit des malaises survenant dans les 2 premières heures de vie - les professionnels de la périnatalité doivent leur fournir des conseils d’usage pour assurer une sécurité optimale. .
Pour analyser des questions spécifiques (le sommeil, la stabilité physiologique, le developpement neurologique, la douleur, l’attachement, l’allaitement, le stress parental) sur le peau à peau, le Groupe de Réflexion et d'Évaluation de l'Environnement des Nouveau-nés (GREEN) s’est basé sur des méta-analyses et méta-synthèses.
En néonatologie : Quels nourrissons peuvent en bénéficier ?
Dès stabilité clinique, le peau à peau doit être proposé à tous les « prématurés hospitalisés, le plus précocement possible et le plus largement possible. » (grade A).
Pour le grand prématuré ou bien le bébé intubé, la pratique du peau à peau est au cas par cas, en analysant rigoureusement sa faisabilité en fonction de l’environnement, de la balance bénéfices/risques, des procédures de transfert et de surveillance…
En ce qui concerne le risque infectieux, les recommandations rappellent les règles d’hygiène pour les parents et les professionnels : hygiène corporelle et des mains, ongles propres et courts, tenue propre, savon peu odorant.La mise à jour des vaccinations est aussi à encourager .
Le peau à peau en salle de naissance en sécurité
Si l’état clinique le permet, il est recommandé d’installer le bébé ( 35 semaines et plus ) en peau à peau contre sa mère tout de suite après la naissance.
Mais dans quelles conditions ?
Déjà, pour proposer le peau à peau en salle de naissance, il est important del’aborder avec les parents en anténatal : ses bénéfices, les risques, les conditions de faisabilité et l’importance de la surveillance du nouveau-né.
Les professionnels doivent être formés à accompagner et soutenir les parents dans ce soin qui les implique intimement.
Pour réaliser le peau à peau, chaque équipe doit recourir à des procédures bien établies pour éviter le refroidissement du nouveau-né, des mesures pour assurer la sécurité
le bébé en décubitus ventral, visage tourné sur le côté, les voies aériennes supérieures dégagées
la mère en position demi-assise
la présence d’un proche
l'oxymétrie de pouls proposée même si elle n’a pas montré de supériorité par rapport à la surveillance clinique systématique régulière
les modalités en cas de mère fatiguée
une surveillance clinique régulière non intrusive consignée sur une feuille spécifique
Si le bébé ne tolère pas le peau à peau et marque des signes d’instabilité, il doit être interrompu.
Sources :
Unexpected postnatal collapse of newborn infants: a review of cases, definitions, risks, and preventive measures. Transl Stroke Res 2013;4:236–47.
Le portage en peau à peau - Perfectionnement en Pédiatrie 2018;1:100–107
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