Le recours au violet de gentiane pour traiter la mère allaitante et le nourrisson en cas de mycose représente des risques pour leur santé.
Dans un communiqué du 22 juin 2022, l'Agence nationale de Sécurité du médicament (ANSM) et des produits de santé alerte sur les dangers du violet de gentiane.
Le violet de gentiane déjà pointé du doigt
En 2020, la revue Prescrire, dans son numéro de juillet, mettait déjà en garde les professionnels contre l’utilisation du violet de gentiane pour traiter les candidoses des mamelons des femmes allaitantes et le muguet des nourrissons.
Le violet de gentiane, solution aqueuse provenant d’un mélange de méthyl violet, avait aussi attiré l’attention en 2019 de l'Agence canadienne de la santé. En effet, " quelques dizaines de notifications d'effets indésirables enregistrés dans les bases de données de pharmacovigilance canadienne et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) rapportent des irritations cutanées ou buccales, des ulcérations buccales, des œsophagites, des pharyngites, des laryngites et des œdèmes de la face chez des nouveau-nés exposés au violet de gentiane."
Aussi, "des données montrent que le violet de gentiane peut altérer le matériel génétique et causer des cancers. Il est interdit dans les produits cosmétiques par l'Agence française du médicament."
Des informations pour les femmes enceintes, des recommandations pour les professionnels
Dans le communiqué de l'ANSM, l'Agence émet des informations à destination des femmes allaitantes en expliquant que "la substance doit être utilisée avec prudence car elle peut être nocive pour l'enfant s’il en avale à des concentrations supérieures à la dose recommandée, et si la préparation contient de l’alcool".
Elle leur rappelle qu'en cas de douleur, démangeaisons, brûlure, rougeur au niveau des seins, il est recommandé de consulter un médecin ou sage-femme afin que le diagnostic de candidose soit confirmé. La revue Prescrire, en s’appuyant sur une étude, soulignait deux ans plus tôt la problématique du diagnostic des candidoses posé souvent en excès : « au moins un tiers des cas supposés de candidose du mamelon n'ont pas permis d'identifier de Candida dans le lait maternel ».
Une fois le diagnostic de candidose confirmé, l'ANSM recommande aux professionnels le recours en première intention des antifongiques, traitements les mieux étudiées (Mycostatine ®, Fungizone ®, Daktarin ®). Les formes topiques sont à préférées par rapport aux formes orales.
Si les antifongiques ne permettent pas de traiter la candidose alors une préparation à base de violet de gentiane peut être envisagée par un médecin. Elle sera alors dispensée uniquement sur prescription médicale et pendant une durée maximum de 7 jours.