Les femmes ne doivent plus subir des césariennes à « vif » ! Pour améliorer les pratiques professionnelles et faire prendre conscience de cet événement à risque de stress post-traumatique des sociétés savantes ont émis des préconisations
Selon les études, en cas de césarienne, la fréquence de l’insuffisance d’anesthésie pour la rachianesthésie est de 0,5% à 17% et de 1,7% à 20 % pour l’extension de l’anesthésie péridurale. Ce qui suggère que trop de femmes souffrent encore lors de cette intervention. Les pratiques professionnels nécessitent donc des améliorations afin d’offrir aux futures mères un meilleur vécu de leur accouchement et pour prévenir du stress post-traumatique.
Il est important de prendre conscience que subir une césarienne à « vif » n’est pas un aléa mais un évènement indésirable grave. Pour sensibiliser les professionnels de santé à cette situation, des experts de différentes sociétés savantes, dont le CARO, le CNSF, le CNGOF, la SFAR suggèrent 10 recommandations essentielles :
1.
L’insuffisance et l’échec d’analgésie sont définis comme toute anesthésie périmédullaire conduisant à un complément souhaité par la patiente.
2.
Le confort exprimé par la patiente est tout aussi important que l'évaluation du niveau d'anesthésie. L’existence d’un inconfort majeur doit être pris en compte.
3.
Une analgésie péridurale imparfaite pendant le travail obstétrical expose au risque d’échec de conversion de la péridurale analgésique en péridurale anesthésique pour la césarienne en cours de travail. L’échec peut cependant également survenir lors d’une césarienne programmée avec une rachianesthésie et les mêmes critères de bonne pratique sont requis.
4.
L'évaluation de l'adéquation du niveau sensitif avant l’incision repose sur la sensation de toucher léger ou de froid. Un niveau sensitif supérieur bilatéral et symétrique en T6 au toucher ± en T3 au froid est requis. Pour rappel : T6 = pointe xiphoïde, T4 = ligne mamelonnaire.
5.
En cas de suspicion d’acidose fœtale, l’obstétricien décide du degré d’urgence de la césarienne et communique de manière intelligible avec les autres acteurs, par exemple à l’aide d’un système de communication simplifié et validé en équipe, type code couleur.
6.
Une anesthésie générale soit réalisée en présence d’une insuffisance d’anesthésie constatée juste avant ou dès l’incision pour césarienne code rouge.
7.
Une pause opératoire soit faite en cas de douleur peropératoire afin d’évaluer et traiter la douleur de manière adaptée au contexte.
8.
Une anesthésie générale soit réalisée en cas d’échec de la gestion médicamenteuse de la douleur, même avant clampage du cordon.
9.
L’insuffisance d’analgésie en cours de césarienne soit tracée, de renforcer l’anesthésie locorégionale et/ou générale, d’accompagner la naissance puis de débriefer l’expérience douloureuse avec l’équipe, en particulier les soignants impliqués dans la prise en charge.
10.
Une évaluation des pratiques soit réalisée avec comme indicateurs le taux et les indications des césariennes en extrême urgence mais également le taux de conversion en anesthésie générale suite à un échec d’APM.