Une équipe du Centre d’études et de recherches en psychopathologie et psychologie de la santé de l’université de Toulouse a étudié « les relations entre la douleur de l’accouchement et du post-partum et les symptômes dépressifs et traumatiques ».
Selon les résultats, la symptomatologie dépressive des femmes était en lien avec la douleur de l’accouchement et du post-partum
En utilisant des auto-questionnaires à remplir entre le 2e et le 4e jour après l’accouchement, puis à 6 semaines, les auteurs ont sollicité 146 femmes qui ont donné naissance par voie basse entre 37 et 41 semaines d’aménorrhées, dans 2 maternités de type 2.
Ils ont pu inclure 136 femmes pour répondre aux questionnaires du post-partum immédiat et 109 pour ceux à 6 semaines. Ces femmes étaient âgées d’en moyenne 30 ans, plus de 49% étaient des primipares, plus de 74% avaient participé à des cours de préparation à la naissance et à la parentalité, plus de 83% ont bénéficié d’une anesthésie péridurale.
Pour le post-partum, toutes les équipes proposaient systématiquement du paracétamol.
Ils ont évalué la douleur (le Questionnaire de la Douleur de Saint-Antoine, échelles visuelles analogiques), la dramatisation de la douleur (la Pain Catastrophizing Scale) la satisfaction (Childbirth Experience Questionnaire), la dépression (Edinburgh Postnatal Depression Scale) et les symptômes de stress post-traumatique (L’Impact of Event Scale-revised).
Ils ont observé que :
Plus de 25% des femmes avaient une tendance élevée à la dramatisation dans les jours suivant la naissance
Plus de 19% manifestaient un état dépressif, 10% un stress aigu, et presque 3% indiquaient un stress post-traumatique
Les scores moyens aux questionnaires étaient similaires entre les primipares et multipares, à l’exception de l' Edinburgh Postnatal Depression Scale (plus important pour les primipares).
Les chercheurs ont mis en évidence une corrélation significative entre la douleur de l’accouchement, celle du post-partum immédiat, puis à 6 semaines avec les symptomatologies dépressives et traumatiques. Mais après les analyses de régression, seules la symptomatologie dépressive et la dimension affective de la douleur à 6 semaines après la naissance étaient corrélées au stress post-traumatique.
L’expérience de la naissance, bien qu’un heureux évènement n’est pas toujours bien vécu
Dans une étude de Thiebeaugeorges, des femmes (60% de primipares et 45% de multipares) qui ont accouché par voie basse, ont considéré leurs douleurs sévères voire extrêmement sévères.
Si l’étude présente des limites (faible échantillon, un fort d’anesthésie péridurale, étude sur 2 maternités de type 2, le contrôle de l’utilisation d’autres antalgiques dans le post-partum…), les auteurs soulignent " l’importance de prendre en charge la douleur de l’accouchement et du post-partum ". Même si 83% ont bénéficié de la péridurale, l’accouchement et le post-partum restent une expérience douloureuse.L’étude conclut alors que " d’autres stratégies de gestion ou d’accompagnement de la douleur méritent d’être envisagées".
Sources :
Étude des relations entre la douleur de l’accouchement et du post-partum, et les symptômes dépressifs et traumatiques - Gynécologie Obstétrique Fertilité & Sénologie - Doi: 10.1016/j.gofs.2018.06.002
Thiebaugeorges O. La douleur d’accouchement et ses conse´quences maternofoetales. Ann Med 1999;38:67–70
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