Si la dépression du post-partum chez les mères est plus largement connue, il semblerait que les pères soient tout aussi sensibles à cette période. Une étude irlandaise met le doigt sur la déprime de ces hommes en transition vers la paternité.
La dépression postnatale touche 12% des pères
Bien que les hommes ne soient pas soumis aux variations hormonales, ils se trouvent, comme leur compagne, tout aussi impactés par les facteurs psychosociaux. C’est ce qu’une étude irlandaise a souhaité mettre en évidence auprès de 130 hommes, de plus de 18 ans, devenus pères au cours des 12 derniers mois.
Près de 100 pères ont répondu à un questionnaire comprenant 63 questions, dont l’échelle de dépression postnatale d’Edinburgh.
L'échelle de dépression postnatale d'Edinburgh est une échelle d'auto-évaluation de 10 items, notée sur une échelle de quatre points, initialement conçue pour les femmes. Elle est, la plus courante des échelles d'auto-évaluation, utilisée pour dépister la dépression tout au long de la période périnatale. La note traditionnelle est de 13 ou plus. Cependant, un score inférieur est recommandé pour les pères car les hommes expriment leurs émotions différemment des femmes, principalement parce qu'ils sont moins expressifs avec leurs émotions négatives. L'étude de validation la plus récente a recommandé un score avec un seuil de 12 ou plus pour un dépistage positif de la dépression majeure et 9 ou plus pour un dépistage positif de la dépression mineure. Pour cette étude, un score de coupure de 12 ou plus, et de 9 ou plus ont été choisis pour évaluer la dépression postnatale.
Avec ces modalités, les chercheurs notent une prévalence de 12% de dépression postnatale chez les pères pour les scores de 12 ou plus, et de 28% concernant les scores de 9 et plus.
Il semblerait aussi que la période la plus à risque s’étendrait sur les 6 premiers de vie du nourrisson avec 16,4% (scores 12 et plus) voire même 32,7% (scores 9 et plus).
Des hommes plus à risque de dépression postnatale
Parmi les critères socio-économiques, les auteurs de l’étude évoquent des risques plus élevés de dépression postnatale chez les pères éprouvant des difficultés financières, pour ceux n’ayant pas bénéficié d’un congé paternité (19,4% contre 4,2%) ou bien pour ceux ayant un niveau d’éducation inferieur. Aussi, les hommes présentant un antécédent de dépression serait un facteur de risque statistiquement significatif. Quant aux facteurs relationnels, les pères célibataires présentaient une prévalence de dépression postnatale de 33,3% contre 6,1% pour les mariés.
Et le facteur « nourrisson » ?
La naissance d’un enfant prématuré , tout comme les bébés présentant des troubles du sommeil augmenteraient le risque de dépression postnatale chez le père. L’allaitement, ou bien le mode d’accouchement n’ont pas été établis comme des liens de causalité.
Si l’étude présente plusieurs biais, elle a le mérité de s’intéresser à la santé mentale des pères après une naissance. Elle rappelle, que pour aborder la paternité du bon pied, les hommes ont aussi besoin du soutien des professionnels de la périnatalité.
Source : Paternal postnatal depression in Ireland: Prevalence and associated factors. Philpott LF, Corcoran P.