Prendre une contraception est avant tout un choix. Et pour réaliser ce choix une information objective et éclairée est nécessaire. C’est aussi une des conditions pour favoriser l’adhésion et l’observance de la patiente. Le CNGOF a émis des RPC pour mener au mieux une consultation de contraception.
Le problème c’est que les femmes ne choisissent pas toujours leur contraception
Une enquête menée sur 1137 femmes de 18 à 49 ans mettait en évidence que la contraception hormonale ou le DIU prescrit à la patiente relevait plus d’une recommandation du prescripteur que du véritable choix de la patiente. À partir de là, comment une femme peut-elle adhérer à la méthode contraceptive et la prendre sur le long terme ?
Ces recommandations pour la pratique clinique visent donc à favoriser des conditions adéquates pour choisir une contraception en fonction de son mode de vie et de ses antécédents médicaux/ familiaux et non de s’adapter à une méthode considérée comme« imposée ».
Il existe différents types de consultation, mais …
Il existerait 4 modèles de consultation :
Paternaliste « Je décide pour vous »
Informatif « Je vous dis ce que je sais »
Interprétatif « Je vous aide à définir vos préférences » « Nous sommes d’égal à égal »
Délibératif « Nous choisissons ensemble »
Evidemment, le type paternaliste est à éviter : une étude a montré que ce modèle sur le choix de l’implant contraceptif entrainait de nombreux abandons, une autre une moindre satisfaction de la part des patientes lorsque le praticien avait choisi la contraception.
Pour la HAS, le modèle recommandé est la consultation BERCER. Elle est structurée en 5 temps:
Bienvenue
Entretien
Renseignements
Choix
Explications et Retours
Ce type de consultation structurée montrait dans une étude prospective qu’elle « permettait de changer l’idée initiale des femmes dans 43,9 % des cas à l’aide d’une information estimée comme utile dans 97,5 % des cas, complète dans 96,4 % des cas et considérée comme juste et impartiale dans 93,1 % des cas ». Ainsi, Une consultation sur la base du modèle BERCER est recommandée (Grade A) et ce type de consultation structurée permet une amélioration du choix contraceptif (NP2). Associée à la diffusion de meilleures connaissances de la part des professionnels elle permet également une diminution des grossesses non prévues (NP1) comparativement à`une consultation classique non personnalisée.
La personnalisation étant un paramètre important à prendre en considération car les attentes des patientes diffèrent de celles imaginées par les praticiens (NP2). Il convient alors d’aborder au cours du temps d’échange l’efficacité, les risques, la durée d’action, les coûts, l’aspect pratique (NP2). Cette personnalisation du counselling est donc recommandée (Accord professionnel) car elle augmenterait l’utilisation ainsi que la satisfaction de la patiente à 2 ans.
Savoir communiquer
La bienveillance s’impose et prendre en compte les inquiétudes des femmes, expliquer les raisons d’une contre-indication, prendre en compte ses points de vue, expliquer les effets indésirables permettraient une plus grande adhésion à la contraception.
Plusieurs études vont en ce sens, une rétrospective montrait que les femmes informées sur l’insertion du DIU, des effets indésirables éventuels et de comment les gérer présentaient moins de retrait comparativement à celles qui n’étaient pas informées.
La proposition d’un choix ne tient donc pas qu’au contenu de l'information mais aussi à la qualité du temps d’échange entre le praticien et la patiente.
Des outils pour aider le praticien et les patientes
Des études ayant testé des modules informatisés ou bien des diaporamas sonorisés en salle d’attente avant la consultation permettraient aux femmes de choisir une contraception efficace plus facilement(NP2).
L’une d’entre elles a utilisé les réseaux sociaux comme outil d’aide à la consultation . Les connaissances des femmes étaient supérieures et leur satisfaction plus importante.
Des méthodes plus simples telles que la présentation en consultation des différentes contraceptions permettrait une meilleure compréhension.
Les outils utilisés à la consultation ayant permis une meilleure amélioration de l'observance sont éducatives (NP1). Par exemple, le recours à une fiche d’information sur la contraception orale estroprogestative augmentait la connaissance de celle-ci (NP2). Par contre, même en cas de counselling soutenu, la proportion de femmes ne connaissant pas les conduites à tenir en cas de risque de grossesse sous estroprogestatifs sont nombreuses (NP2).
À ce jour, nous avons des pistes mais les données sont encore insuffisantes pour recommander une méthode spécifique d'aide à la consultation (Accord professionnel).
Références :
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