Les régurgitations sont bénignes et toucheraient près de 53,2% des nourrissons à l’âge de 1 mois. Elles représentent une cause fréquente de consultation : 20 à 25% des parents dans le monde consulteraient au moins 1 fois le médecin pour cette raison.
Comment définir les "régurgitations"?
Les régurgitations chez le nouveau-né sont liées à l’immaturité des mécanismes physiologiques de la vidange gastrique, du manque de tonicité du cardia mais aussi à la quantité importante de liquide ingéré par rapport au poids de l’enfant.
Elles surviennent en post-prandiale, souvent déclenchées au changement de position.
Les formes simples sont définies chez les enfants âgés de 3 semaines à 12 mois, en bonne santé, avec 2 régurgitations par jour depuis au moins 3 semaines sans fausse route, sans hématémèse, sans trouble de croissance et sans difficulté à s’alimenter. Les vomissements ne sont ni bileux ni sanglants.
Bien que fréquentes, si les régurgitations restent isolées et sans complications, elles ne constituent pas un critère de sévérité. Généralement, le reflux disparaît dans les premiers mois de vie dans 80% des cas avec ou sans traitement.
Quand le reflux gastro-œsophagien (RGO) se complique
Les formes digestives peuvent se compliquer. En effet, l’œsophagite complique le RGO dans 1/3 des cas. Généralement, l’enfant pleure, crie au moment des tétées, il refuse de manger, les vomissements peuvent être sanglants et la position en opisthotonos est évocatrice.
L’hématémèse, méléna, l’anémie ferriprive peuvent être les conséquences d’un saignement lié à l’œsophagite. Il existe des formes extra-digestives dont le diagnostic est plus complexe. Il peut s’agir de toux chroniques plutôt nocturnes, bronchite, pneumopathie, asthme non allergique ou des manifestations ORL comme un stridor laryngé congénital. Les malaises graves du nourrisson avec pâleur, hypotonie, apnée, bradycardie peuvent être favorisés aussi par un RGO.
Les explorations paracliniques rechercheront un reflux acide pathologique, qui pourra justifier d’un traitement par inhibiteur de la pompe à protons.
Les stratégies thérapeutiques
En cas de régurgitations non compliquées, les 1ères mesures reposent sur la réassurance des parents.
Si le nourrisson est alimenté avec des préparations infantiles, on peut leur recommander d’utiliser un épaississant pour le lait ou un lait épaissi dit AR et de réduire le volume des biberons (dans le cas de volume ingéré important).
Le rot en position proclive ventral peut soulager l’enfant, par contre l’inclinaison du berceau en position proclive n’a pas d’efficacité prouvée. Le couchage dorsal pour le sommeil reste systématiquement recommandé. Il faut savoir aussi que le tabagisme passif joue un rôle délétère sur le RGO et qu’un RGO non résolu dans l’enfance pourra persister à l’âge adulte.
Sources :
Curien-Chotard M. Jantchou P. Prévalence et histoire naturelle du reflux gastro-oesphagien chez le nourrisson : étude d'une cohorte française ERGO (Etude épidémiologique du Reflux Gastro Oesophagien chez le nourrisson en Franche Comté). Tolia V., Wuerth A., Thomas R. Gastroesophageal reflux disease: review of presenting symptoms, evaluation, management, and outcome in infants. Digestive Diseases and Sciences, 2003, 48, p.1723-1729 Cucchiara S., Emilano M., Calabrese F. Reflusso gastroesofageo. Scient Nutr Tod 1995, 2, p.17–21 Vendenplas and al. Pediatric Gastroesophageal Reflux Clinical Practice Guidelines : Joint Recommendations of the North American Society for Pediatric Gastroenterology, and Nutrition and the European Society for Pediatric Gastroenterology, Hepatology, and Nutrition, JPGN 49 :498-547,2009