Une étude, récemment publiée dans The Breast, met en lumière une évolution alarmante : l’incidence du cancer du sein à début précoce augmente régulièrement depuis plus de trois décennies. Un constat qui interroge les pratiques de prévention et les stratégies de dépistage, notamment pour les femmes de moins de 40 ans.
Quelques données épidémiologiques
Entre 1990 et 2023, le taux d’incidence du cancer du sein chez les femmes de 30 à 40 ans a connu une hausse constante en France, suivant une tendance déjà observée aux États-Unis et au Royaume-Uni. À 30 ans, le taux d'incidence est passé de 16,1 à 26,3 cas pour 100 000 personnes-années, et à 40 ans de 98,7 à 131,2. Ces données, issues des registres du réseau Francim, confirment que le cancer du sein précoce n’est plus un phénomène marginal.
Facteurs hormonaux, biologiques et évolution des modes de vie
Les auteurs attribuent cette progression à une combinaison de facteurs hormonaux, environnementaux et socio-comportementaux. La baisse du taux de natalité, l’augmentation de l’âge au premier enfant, la diminution de la durée d’allaitement et l’usage prolongé de la contraception hormonale figurent parmi les tendances démographiques susceptibles d’avoir modifié l’exposition hormonale des femmes. L’évolution des modes de vie — sédentarité, alimentation transformée, consommation d’alcool, pollution ou stress chronique — pourrait également contribuer à cette augmentation.
Sur le plan biologique, certaines études évoquent une hausse des cancers hormono-dépendants, suggérant un rôle croissant des mécanismes endocriniens dans les tumeurs diagnostiquées avant la ménopause. Les mutations germinales de novo, liées notamment au vieillissement paternel, ou des effets épigénétiques induits par des expositions environnementales, complètent ce panorama complexe.
Un dépistage à revoir ?
Dans le contexte international, les autorités américaines ont récemment abaissé l’âge de début du dépistage mammographique à 40 ans, contre 50 auparavant. L’Europe, plus prudente, maintient l’entrée dans le dépistage organisé à 45 ou 50 ans selon les pays. En France, le programme national reste inchangé : mammographie tous les deux ans pour les femmes de 50 à 74 ans, sauf cas de risque élevé.
Pour les sages-femmes, ces données rappellent l’importance d’un accompagnement proactif auprès des femmes jeunes : repérage des antécédents familiaux, information sur les symptômes précoces, éducation à la santé mammaire et promotion d’un mode de vie protecteur. Dans un contexte où le cancer du sein devient plus fréquent avant 40 ans, l’information et la vigilance clinique doivent s’adapter à cette évolution épidémiologique.
Référence
Increasing incidence of breast cancer in young women over time, Breast, 2025
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