Une étude réalisée par l’Institut Curie apporte des données rassurantes pour les femmes enceintes après un cancer du sein. Le délai pour obtenir une grossesse ne serait pas plus long et les complications néonatales et obstétricales, similaires à la population générale.
Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes en âge de procréer. Pourtant, jusque-là nous disposions de peu de données sur le délai pour obtenir une grossesse après un cancer du sein ainsi que sur les issues de la grossesse.
Une étude rétrospective menée par l’Institut Curie entre 2005 et 2017 vient donc enrichir la littérature. Elle a analysé une cohorte de 133 femmes âgées entre 18 et 43 ans au moment du diagnostic et ayant au moins une grossesse après.
Que nous apprend cette étude ?
L’âge moyen du diagnostic était de 32,8 ans. Les tumeurs étaient majoritairement au stade T1 ou T2 (41,5% et 36,8%, respectivement), invasives (87,2%) et sans invasion ganglionnaire (71,4%). Toutes les patientes ont subi une intervention chirurgicale, 102 (76,7%) patients ont eu une chimiothérapie, 53 ont eu un traitement endocrinien (39,8%) et 30 (22,6%) ont eu du trastuzumab. L’âge moyen de la 1re grossesse était de 36, 8 ans.
La majorité des grossesses étaient obtenues spontanément (86%), tandis que 11% ( n = 22) ont été obtenues après don d’ovocyte. Une grossesse sur 5 n’était pas planifiée (18%) et 9 grossesses sont survenues alors que la femme était en traitement. Parmi les grossesses non planifiées, 39% ont été interrompues par choix ou pour des raisons médicales. Ces résultats soulèvent donc l’importance de délivrer aux patientes des informations en matière de contraception.
Concernant le délai entre le diagnostic de cancer du sein et la grossesse, il était en moyenne de 48 mois mais celui-ci dépendait du traitement (sans traitement endocrinien, le délai était de 42 mois). Le temps écoulé entre une tentative de grossesse et sa survenue était en moyenne de 5,6 mois, ce qui semble assez court.
Après analyse des issues de la grossesse, les auteurs ont rapporté un taux de fausses couches à 22%, mais ce taux était associé à l’augmentation de l’âge. Dans cette cohorte, 9% des bébés sont nés prématurément, ce qui est plus élevé qu’en population générale. Par ailleurs, aucune augmentation significative du risque d'anomalies congénitales ou d'autres complications de grossesse ou d'accouchement n'a été observée.
Aussi, près de 59% des nouveau-nés ont été allaités, un taux satisfaisant lorsqu’il est confronté au taux de la population générale (69%).
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