Le sommeil du nourrisson est source de questionnement pour les parents. Mais que faut-il leur répondre ? Comment les aider ? Le point avec Marie-Josèphe Challamel, pédiatre spécialiste du sommeil
Expliquer les différents états de sommeil et d'éveil
Les états de vigilance d’un nourrisson se composent de 4 stades. Tout d’abord, les 2 phases de sommeil avec le sommeil agité, équivalent au sommeil paradoxal de l’adulte et le sommeil calme correspondant à notre sommeil profond. Puis s’ajoutent les 2 états d’éveil : calme et agité.
Le nouveau-né s’endort en sommeil agité, ce sommeil est interrompu par divers mouvements corporels (il s’étire, baille, grogne, devient rouge, ramène les bras au niveau du visage) son visage est très expressif avec des mimiques, où l’on retrouve les 6 émotions fondamentales (peur, colère, surprise, dégoût, joie, tristesse).
Entre les mouvements corporels, il est complètement hypotonique, tout comme l’adulte, paralysé au cours du sommeil paradoxal. La phase de sommeil calme, de 20 minutes, n’est interrompue par aucun éveil, le visage du nouveau-né est plus pâle, peu expressif. Ce sommeil est important pour le développement corporel et la croissance, puisque c’est à ce moment-là, que l’hormone de croissance somatotrope hypophysaire est secrétée.
A la période néonatale, le nourrisson peut se mettre à pleurer lors d’un sommeil agité. La difficulté réside dans l’appréciation et les connaissances de ses phases de sommeil. Des parents anxieux auront tendance à se précipiter sur le bébé au moindre pleur, alors que celui-ci peut se trouver dans une phase de sommeil agité, et interrompre ainsi le sommeil. Il ne faut donc pas hésiter à décrire et montrer ces différentes phases aux parents pour une meilleure compréhension.
Préparer les parents aux nuits blanches
Si l’anxiété se fait sentir, tout passe par la réassurance des parents. Ils doivent être informés que généralement les bébés ne font pas leurs nuits avant 5-6 mois et peuvent se réveiller 2 à 3 fois par nuit.
Un nouveau-né dort en moyenne 16 à 17 heures par 24h, mais il existe déjà dans la période néonatale des courts et longs dormeurs avec certains qui dorment 14h et d’autres 19h. Ces périodes de sommeil tout comme les périodes d’éveil s’organisent sur un rythme ultradien d’environ 4h.
Le sommeil est suspendu par des moments d’alimentation. Il se réveille aussi à chaque changement de cycle, environ toutes les 50- 60 minutes, pendant 30 secondes voire plus, il peut même pleurer et se rendormir par la suite si l’on n’intervient pas trop vite. D’ailleurs, un bébé de 3 mois qui a encore un cycle court peut se réveiller dans une nuit jusqu’à 8 fois, mais il peut aussi faire ses nuits, s’il a la capacité de se rendormir seul.
Favoriser l'installation d'un rythme circadien
L’installation d’un rythme circadien de 24 h se développe avec les donneurs de temps. Les comportements parentaux doivent être différents le jour et la nuit.
Par exemple, lors d’une tétée de nuit, ne pas trop interagir, le nourrir de façon neutre. Puis progressivement, supprimer les alimentations nocturnes, le matin, ouvrir les volets pour amener la lumière du jour à heure régulière. Les promenades de jour aident aussi les bébés à faire leurs nuits plus précocement comparativement à ceux qui restent à l’intérieur.
La périodicité jour-nuit apparait vers la fin du premier mois. Les périodes de sommeil plus longues, pouvant atteindre 6 heures consécutives se manifestent la nuit et les éveils journaliers s'allongent un peu. Progressivement, l'enfant devient capable d'un sommeil nocturne de 9 heures vers l'âge de 3 mois et de 12 heures entre six mois et un an. Son sommeil va alors progressivement évoluer vers un sommeil plus calme et plus stable.
A l’âge de 1 mois, 75% des nourrissons ont un rythme circadien de 24 heures (Shimada Brain dev 1999). Il arrive qu’après 3-4 mois, des enfants rencontrent des difficultés pour dormir (30 à 50%), le plus souvent liées à des causes environnementales. On pensera à éliminer des causes organiques, comme le reflux gastro-œsophagien, une douleur, une allergie aux protéines de lait de vache, ainsi que les erreurs diététiques.