Une étude nationale publiée dans le JAMA apporte un éclairage inédit : chez les nouveau-nés, l’immunisation passive par nirsevimab (Beyfortus ®) s'avère plus efficace que la vaccination maternelle (Abrysvo ®) pour réduire les hospitalisations et les formes graves.
Depuis 2024, l'arsenal préventif contre le VRS (Virus Respiratoire Syncitial) s'est enrichi de deux stratégies majeures : l'injection directe d'anticorps monoclonaux au nourrisson ou la vaccination de la mère en fin de grossesse (entre 32 et 36 semaines d'aménorrhées) pour un transfert transplacentaire. Si les deux méthodes ont prouvé leur efficacité individuelle, une question restait en suspens pour les professionnels de la naissance :laquelle privilégier en vie réelle ?
Une étude "vie réelle" sur plus de 42 000 nourrissons
Cette étude de cohorte française, utilisant les données du SNDS, a comparé le devenir de 21 280 nourrissons immunisés par nirsevimab (Beyfortus ®) à 21 280 nourrissons nés de mères vaccinées par RSVpreF (Abrysvo ®) durant l'hiver 2024-2025.
Les résultats : un avantage net pour l'immunisation du nourrisson
Les conclusions sont sans appel : le nirsevimab offre une protection supérieure sur tous les critères d'évaluation majeurs.
Réduction du risque d'hospitalisation : Le nirsevimab est associé à un risque inférieur de 26 % par rapport à la vaccination maternelle (HR ajusté : 0,74).
Protection contre les formes graves : L'avantage est encore plus marqué pour les cas les plus critiques. Le risque d'admission en Unité de Soins Intensifs Pédiatriques (USIP) chute de 42 % avec le nirsevimab (HR : 0,58).
Assistance respiratoire : Le recours à la ventilation mécanique ou à l'oxygénothérapie est réduit de près de 44 % par rapport au groupe "vaccination maternelle".
Pourquoi une telle différence ?
Si l'étude confirme l'efficacité des deux méthodes, la supériorité du nirsevimab pourrait s'expliquer par plusieurs facteurs. L'immunisation maternelle dépend de la qualité du transfert placentaire et, surtout, du délai entre la vaccination et l'accouchement (idéalement au moins 14 à 30 jours). À l'inverse, le nirsevimab apporte une dose standardisée d'anticorps immédiatement biodisponibles dès l'injection en maternité.
Quel message ?
Pour les professionnels de santé en première ligne du conseil vaccinal, ces données sont cruciales. Elles permettent d'affiner l'information délivrée aux parents durant le troisième trimestre :
La vaccination maternelle reste une option d'intérêt, notamment pour celles qui souhaitent éviter une injection à leur enfant ou qui privilégient le passage transplacentaire naturel.
Le nirsevimab s'impose toutefois comme le "bouclier" le plus robuste pour prévenir les formes nécessitant une réanimation.
Des arguments solides
Cette première saison de cohabitation des deux stratégies en France métropolitaine valide la puissance de l'immunisation passive. Si le choix appartient aux parents, la science nous donne aujourd'hui un argumentaire solide : pour réduire drastiquement la pression hospitalière et protéger les nouveau-nés des formes les plus sévères, le nirsevimab semble avoir une longueur d'avance.
Source :
Jabagi M , Bertrand M , Gabet A , Kolla E , Olié V , Zureik M. Nirsevimab versus vaccin RSVpreF pour les hospitalisations liées au virus respiratoire syncytial chez les nouveau-nés. JAMA. Publié en ligne le 22 décembre 2025. doi : 10.1001/jama.2025.24082
