L’observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS) a dressé un bilan pour 2020 et 2021. Selon les conclusions, se former à la prévention des incivilités et des violences devient une nécessité.
L’ONVS recense toutes les violences commises entre toute personne fréquentant un établissement de santé. Il tient compte des atteintes aux personnes et aux biens. Il peut s’agir d’incivilités, de violences et d’acte de malveillance.
Violences : quelques chiffres
L’observatoire national des violences (ONVS) en milieu de santé a récemment rendu public un bilan des violences commises entre 2020 et 2021.
En 2020, 383 établissements ont signalé 19 579 événements, dont 81% d’atteinte aux personnes, et 83% du personnel a été touché. Pour 2021, les chiffres ont peu varié, 391 établissements ont déclaré 19 328 événements, dont 82% d’atteinte aux personnes et 84% du personnel est concerné.
Les motifs de violence les plus fréquents concernent des reproches relatifs à la prise en charge du patient (48,5% en 2020 et 51,4% en 2021), puis le refus de soin (21,5% - 21,2%) ainsi que le temps d’attente jugé excessif (8,7% et 8,5%).
Les impacts des violences
Les violences en milieu hospitalier entrainent une cascade d’événements indésirables qu’ils soient humains, organisationnels et sur la structure elle-même.
Comme évoqué précédemment, les professionnels des établissements de santé sont le plus exposés à ces violences. S’ils sont les principaux acteurs dans la gestion des événements indésirables (59%), ils sont également directement touchés,
Les personnels ont retranscrit les impacts et ils évoquent de « l’angoisse de faire les soins ; frustration ; sensation de mal faire les soins », ils parlent de « stress participant à leu épuisement, de démoralisation », de « sentiment d’avoir été agressé gratuitement dans l’exercice de ses fonctions », de « saturation », « d’atteinte psychologique », de « défaut de soutien », « d’insécurité ».
Cette violence met en péril l’organisation des soins, on parle de « désorganisation dans la prise en charge du patient et des autres patients », de « désorganisation du service » puisque l’ensemble du personnel se mobilise au détriment des autres patients, et qui plus est cette mobilisation est souvent chronophage. De façon générale, c’est la qualité des soins qui en pâtit.
Être témoin de ces agissements violents renforce un sentiment d’insécurité, c’est le cas pour les personnels et pour les autres patients ce qui nuit à l’image de l’établissement.
Prévenir, lutter contre les violences et soutenir les victimes
Les violences en milieu de santé sont un véritable fait de société. L’inquiétude, l’anxiété, la souffrance, ou l’emprise sous substances, ou encore une pathologie psychiatrique sont des éléments qui peuvent transformer le patient en auteur de violences. Un différend ou une incompréhension entre le patient et le professionnel peuvent vite dégénérer, c’est alors la relation de confiance qui est affectée et par conséquent la qualité des soins.
Ces phénomènes semblent s’amplifier, dernièrement, l’hôpital était le théâtre d’un événement tragique avec le décès de l’infirmière du CHU de Reims, mais d’autres structures ne sont pas épargnées, le bus du cœur des femmes pour prévenir des maladies cardiovasculaires dans les quartiers défavorisés a été détruit, un centre de santé à Tourcoing a subi aussi des dégradations…
Que faire ? Travailler la peur au ventre ? Dans les conclusions du rapport, tout l’enjeu est de mobiliser tous les professionnels à travers des projets de service pour lutter contre les violences en milieu de santé. Il est capital de restaurer les règles de civismes, de former les professionnels et de mettre à disposition des outils pour prévenir les violences et y faire face.