Les femmes exposées pendant la grossesse aux phtalates sont plus susceptibles d’accoucher prématurément, selon les conclusions d’une étude, publiée dans la revue JAMA Pediatrics.
Des phtalates, il y en a partout ! Pourtant, ils menacent la fertilité et la santé des enfants exposés in utéro.
Où trouve t-on Les phtalates ?
Les phtalates sont des substances chimiques utilisées pour fabriquer les matières plastiques. Difficile d’y échapper puisqu’on les trouve dans les emballages plastiques, peintures, vernis à ongles, laques pour cheveux, parfums, déodorants,etc. Ils permettent entre autres aux parfums de tenir plus longtemps, aux vernis de s’écailler moins vite, aux matières plastiques d’être plus souples.
Des phtalates sont interdits
Mais voilà qu’il existe plusieurs catégories de phtalates, et certains dont leur dangerosité était documentée ont été interdits. Depuis 1999, on n’en trouve plus dans les jouets. Le parlement européen, depuis 2003, a prohibé les phtalates les plus dangereux dans les cosmétiques. L’Assemblée Nationale a poursuivi en votant un texte de loi, en 2011, pour réduire encore les phtalates.
Quand un phtalate est interdit, d’autres substances chimiques pour retrouver les mêmes caractèristiques sont utilisées mais ne sont pas moins nocives pour autant. Il faudra juste un peu de recul pour mieux connaître leurs effets sur la santé…
A ce jour, de nombreuses études permettent d’incriminer les phtalates commes peturbateurs endocriniens, substances cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques (DEHP, BBP, DIPP, DIBP, DMEP, DNPP, DBP). Leurs effets dont d’autant plus inquiétants sur la fertilité et quand le fœtus est exposé in utero.
Phtalates et accouchement prématuré
Une récente étude comprenant 16 cohortes, publiée dans le revue JAMA Pediatrics montre que les femmes enceintes exposées aux phtalates couraient le risque d’accoucher prématurément. C’est en analysant les urines de 6 045 femmes enceintes, ayant accouché entre 1983 et 2018, aux Etats-Unis, que les chercheurs ont constaté que celles dont les urines étaient plus concentrées en phtalates étaient plus susceptibles d’accoucher avant terme. Cette association était plus significative pour quatre des onze phtalates retrouvés :
- mono- n-phtalate de butyle (odds ratio [OR], 1,12 [IC 95 %, 0,98-1,27])
- phtalate de mono-isobutyle (OR, 1,16 [IC 95 %, 1,00-1,34])
- mono(2-éthyl-5-carboxypentyl ) phtalate (OR, 1,16 [IC 95 %, 1,00-1,34])
- phtalate de mono(3-carboxypropyle) (OR, 1,14 [IC 95 %, 1,01-1,29])
MCPP MEHP DEHP MnBP
Mais alors réduire l’exposition des femmes enceintes aux phtalates induirait-il une baisse des accouhements prématurés ? Selon les auteurs de l’étude, diminuer l’exposition aux phtalates ne serait-ce qu’à 50% permettrait de baisser de 1,1% les naissances avant terme.
Chasser les phtalates
En France, le programme national de biosurveillance ESTEBAN mené entre 2014 et 2016 montrait également que les enfants étaient le plus imprégnés aux phtalates. « Malgré les restrictions d'usage de certains phtalates, les résultats de l'étude Esteban montrent que l'ensemble de la population était exposée à au moins un phtalate à un niveau de concentration urinaire quantifiable. La demi-vie de ces composés étant courte, ce constat démontre que les phtalates continuent d'être omniprésents dans l'environnement et les produits de consommation courante. »
Alors s’en prémunir, n’est-ce pas utopique ? Aujourd’hui, les phtalates touchent tellement de produits diffèrents et donc différents types d’industries que les lois protègent encore trop peu la santé de la population. Toutefois, privilégier des produits frais, bio pour l’alimentation et naturels pour les objets et meubles, reste plus bénéfique pour la santé.