Les professionnels de santé exerçant de nuit ne devraient pas travailler plus de 3 quarts de nuit consécutifs. Telle est la conclusion d’une revue de la littérature exposée, en juin dernier, au Congrès Euroanesthesia de la Société européenne d’anesthésiologie et de soins intensifs.
Travailler de nuit n’est pas anodin pour la santé. La fatigue, liée au manque de sommeil, peut nuire à la sécurité des soins. Manque de concentration, de vigilance, irritabilité, les facultés de prendre une décision peuvent être fortement impactées. Mais alors comment prévenir ces risques ? Selon une vaste revue de la littérature, il suffit de faire une sieste d’environ 20 minutes lors des quarts de nuit et de ne pas faire plus de 3 quarts de nuit consécutifs.
Les arguments pour gérer les risques des gardes de nuit
Pour appuyer cette conclusion, les chercheurs ont des arguments de taille. D’abord, il faut savoir que deux nuits blanches ou plus se récupérent en minumum deux nuits de sommeil récupérateur. Et trouver un sommeil de qualité après des gardes de nuit peut être pour certains une longue quête.
Pendant une garde, lorsque le temps d’éveil s’étend à 16 heures -18 heures, la fonction cognitive du professionnel est altérée, tout comme sa vigilance. Ce qui l’expose aux erreurs, aux accidents pendant la garde mais aussi sur la route en sortant du travail. Etre éveillé pendant 20 heures ou davantage c’est comme conduire avec un taux d’alcoolémie égal ou supérieur à la limite légale, le danger est similaire.
Combattre la fatigue
Une communauté scientifique lutte contre l’impact de la fatigue. Il existe même une campagne active #fightfatigue, une initiative de l'Association des anesthésistes, du Collège royal des anesthésistes et de la Faculté de médecine de soins intensifs, soutenue par La Fondation européenne pour la sécurité des patients.
Elle a été lancée en 2018 suite à un évenement tragique impliquant un interne en anesthèsie décédé en rentrant chez lui après avoir travaillé un quart de nuit.
Comme l’explique le président de la Fondation européenne pour la sécurité des patients : « La campagne Fight Fatigue sensibilise aux raisons pour lesquelles la fatigue et la privation de sommeil sont dangereuses non seulement pour le personnel de santé, mais aussi pour les patients et le grand public. Bien qu'il incombe à chacun de comprendre l'importance de la gestion de la fatigue, le changement ne sera possible que si les dirigeants des organisations de santé fournissent les installations de repos nécessaires, encouragent la culture du repos et de la sécurité et reconnaissent l'importance du bien-être de leur personnel. »
Prendre soin des professionnels
Le travail de nuit est un vrai sujet qui touche à la qualité de vie au travail et à la sécurité des patients. Rappelons aussi que sans les professionnels de nuit, les établissements de santé ne pourraient tourner, il faut donc prendre soin d’eux !
D’ailleurs, selon le Dr Redfern, anesthèsiste au Newcastle Hospital NHS Foundation Trust, au Royaume-Uni, « les soins de santé devraient disposer de systèmes formels de gestion des risques comme ceux requis par la loi dans toutes les autres industries critiques pour la sécurité. »