Dans un rapport inédit, Santé publique France a révélé ce mardi 20 septembre 2022 l’évolution des indicateurs du suivi de la santé périnatale entre 2010 et 2019, en France et en outre-mer . Si certains marquent un niveau élevé et stable de prise en charge en France, d’autres sont plus préoccupants.
Santé publique France vient de publier un rapport regroupant l’évolution des indicateurs périnataux sur une période de 10 ans, avant la période Covid. Il est le premier a regrouper autant d'indicateurs épidémiologiques. Il apporte une cartographie de la santé périnatale en France et dans les DROM et permet à travers les tendances qu’il dégage d’orienter les plans d’action dans le cadre de la stratègie des 1000 premiers jours.
Des mères plus âgées
Sur la période étudiée, l’âge moyen des mères augmente sur la France entière, passant de 29,3 en 2010 à 30,3 en 2018. Mais ce constat est contrasté, dans les DROM où les femmes accouchent plus jeunes.
L’âge maternel est un paramètre qui influt sur la grossesse. Les jeunes filles âgées de 15 ans ou moins et les femmes dont l’âge est égal à 35 ans ou plus sont davantage exposées à des complications pendant la grossesse telles que la prématurité, le faible poids de l’enfant à la naissance, à des anomalies congénitales.
Le taux de natalité en baisse
Le taux de natalité et le nombre de naissances diminuent chaque année en France à l’exception de la Guyane. En 2010, on comptait 810 000 naissances alors qu’en 2019, elles sont passées à 734 000.
Le rapport met aussi en lumière des hétérogénéité entre les régions : Ile-de-France et Pays de la Loire détiennent détiennent des taux de natalité élevés et supérieurs à la moyenne nationale. A l’inverse, la Corse présente les taux de natalités les plus faibles et inférieurs à la moyenne nationale.
De plus en plus de femmes en situation de grande précarité à l’accouchement
Le taux de femmes sans abri a augmenté en Ile-de-France, passant de 0,58% en 2015 à 2,28% en 2019.L’augmentation est particulièrement plus marquée avec une hausse de points de pourcentage de 4,14 et de 2,11 en Seine-Saint-Denis. Parallèlement, la facturation de l’accouchement avec l’AME a également augmenté ( 1,6% en 2010 vs 2,4% en 2019).
Les taux sont encore plus élevés dans les DROM.
La grande prématurité a augmenté
Si la prématurité a globalement diminué sur 10 ans en métropole, la prématurité avant 28 SA a par ailleurs augmenté en France métropolitaine. Le taux passe de 0,25% à 0,35% entre 2010 et 2019. Dans les DROM, le taux est passé de 0,60% à 0,64%. Le rapport souligne que l’âge maternel a une influence sur le taux de grande prématurité ; la proportion des femmes âgées de plus de 35 ans à l’accouchement est passé de 14,7% en 2010 à 18% en 2019.
Les indicateurs montrent également que 52% des naissances multiples sont prématurées et 80% des mort-nés naissent avant 37 SA.
Les pathologies maternelles en augmentation
Les indicateurs mettent en lumière l’augmentation des pathologies maternelles. Parmi elles, on note les troubles hypertensifs, le taux est passé de 4,5% à 5% entre 2010 et 2019. Le taux de diabète gestationnel a doublé (6,7% vs 13,6%).
Le taux d’hémorragie du post-partum a également augmenté avec 5,4% (en 2019 vs 4,2% en 2010).
Le rapport précise que ces hausses s’expliquent par l’amélioration du dépistage mais aussi par l’augmentation de la prévalence de certains facteurs de risque tels que l’obésité ou l’âge maternel plus élevé.
La taux d’épisiotomie en baisse
On peut constater que le taux de césarienne est stable avec environ 20,2% mais il existe des hétérogénéité de pratique dans les établissements.
Le taux d’épisiotomie est de moins en pratiquée pour les accouchements non instrumentales. Pour les primipares le taux est passé de 29,5% en 2010 à 10% en 2019. En ce qui concerne les multipares, le taux de 10,2% est passé à 2,7%.
Par ailleurs, le taux de déchirures périnéales sévères a subi une legère augmentation, il est passé de 0,55% à 0,77%.
La mortalité maternelle et néonatale
Le taux de mortalité maternelle n’a pas diminué de façon significative. En effet, si entre 2007-2009, on comptait 9,5 décès pour 100 000 naissances, entre 2013-2015, 8,1 décès ont été rapportés sur 100 000. La mortalité maternelle induite par des causes directes telles que l’hémorragie du post-partum est en diminution. L’évolution des causes indirectes n’a pas diminué de façon significative et les pathologies cardiovasculaires représentent les premières causes de mortalité et le suicides, les 2e causes de mortalité maternelle. Dans les DROM, les ratios de la mortalité maternelle sont trois fois supérieurs par rapport à la métropole.
Pour ce qui est de la mortalité néonatale (entre 0 et 27 jours), on assiste à une légère augmentation, avec 1,8 décès pour 1 000 naissances en 2019 (vs 1,6 en 2010). Là aussi, les DROM sont plus impactés avec un taux de 4,1 pour 1 000 naissances vivantes en 2019.
Des indicateurs à améliorer
Ce rapport complet enrichit les connaissances sur la santé périnatale en France. Les tendances qui s’en dégagent permettent d’orienter les priorités pour lancer des plans d’action. Le rapport conclut que « ce rapport plaident en faveur d’un renforcement des actions en prévention et promotion de la santé périnatale et de l’accompagnement des mères tout au long de la grossesse et en post-partum pour un meilleur accès aux droits et aux soins, en particulier sur certains territoires dont les DROM».
Mais l’enjeux est de taille dans un système de santé exsangue et une pénurie de professionnels de santé.