Du 27 au 29 septembre 2023 se sont tenues les 28es Journées de Médecine Fœtale. Parole de Sages-femmes a eu la chance d’y assister. Retour sur ces journées organisées par JP Comb Events, en direct d’Aix-en-Provence.
Comme chaque année, des pontes du diagnostic anténatal dont la renommée n’est plus à faire animaient les différentes sessions.
Un programme concocté encore aux petits oignons par le comité scientifique dont fait partie le Pr GORINCOUR. Mais comment sont choisis les sujets ? Des échanges animés entre les membres du comité, des discussions, des réflexions suscitées lors des sessions précédentes et la magie opère pour nous offrir un tel programme. Mais comme l’explique le Pr GORINCOUR, la qualité d’un congrès tient en l’originalité des sujets, la qualité des conférenciers (65 orateurs cette année) et la transversalité pour toucher l’intérêt d’un large public, du dépistage anténatal à la prise en charge postnatale.
Des sujets variés
Ce n’est donc pas moins de 318 concrétistes qui ont assisté dès le mercredi à une session dédiée à une mise au point sur les infections durant la grossesse, avec un focus particulier sur le CMV, suivie d’une après-midi autour des allo-immunisations.
Le deuxième jour, la matinée était consacrée aux pathologies rénales au travers des reins hyperéchogènes et /ou kystiques avec des interventions très complémentaires : du diagnostiqueur échographiste anténatal incarné par le Dr BACH-SEGURA qui présentait l’imagerie, aux principes de la prise en charge postnatale des uropathies du Dr FAURE chirurgien pédiatrique, en passant par le topo de l’excellent Dr AVNI qui démystifiait les erreurs possibles de diagnostics.
Le CNEOF et les dernières recommandations
Une autre thématique intéressante abordée autour de la Conférence Nationale d’Echographie Obstétricale et Fœtale (CNEOF), pointait du doigt l’intérêt indéniable d’une telle institution, rappelant l’histoire de sa création. Elle permet certes d’homogénéiser les pratiques des échographistes afin de garantir un compte-rendu minimum de qualité, reprécise les différents types d’échographies et leur rôle dans le parcours de soin optimal, mais rappelle aussi que « l’échographie n’est pas un certificat de normalité de l’enfant à naître ». Au cœur du débat évidemment, on pense aux dernières recommandations de la CNEOF sorties en Octobre 2022. La présentation du Pr DHOMBRES, membre de la CNEOF, était donc très attendue. Il est largement revenu sur les points critiqués du rapport de 2022 et a annoncé la sortie imminente des mises à jour faisant l’objet d’une révision de ces recommandations tant attendue, rappelant que « l’un des buts du rapport est de proposer une définition consensuelle des indications, du périmètre de l’examen et de ses conditions d’application ». Neuf points prioritaires et six autres points, concernant des items ou des clichés, ont ainsi été repris dans la mise à jour. Concernant les items du 1er trimestre en 2022 : exit la présence de la clarté intracrânienne (4ème ventricule), la mesure de la longueur fémorale (silhouette retirée remplacée par une silhouette montrant la présence des deux fémurs), la visualisation de la vessie, la visibilité de la cicatrice et la position du placenta en cas d’antécédent de césarienne, alors que la mesure du diamètre abdominal transverse et l’aspect habituel des cavités cardiaques ont été conservés mais reprécisés. Concernant les items du deuxième trimestre : retrait de l’index de résistance du Doppler ombilical (ainsi que pour le troisième trimestre), étude du corps calleux limité à sa présence et non son aspect (cliché sagittal du corps calleux précédemment ajouté, retiré), silhouettes des membres reprécisées. A noter que des textes à visée pédagogique pour chacune des images du compte-rendu ont été ajoutés et l’iconographie complémentaire possible a été reprécisée.
Le débat autour du référentiel biométrique n’est quant à lui toujours pas tranché, la CNEOF donnant le choix possible entre les deux courbes prescriptives publiées disponibles, OMS et Intergrowth-21, dans le cadre des échographies de dépistage (avec une préférence pour la CNEOF pour Intergrowth-21)…
Une touche philosophique, génétique, …
La fin de journée offrait une réflexion plus philosophique autour de l’eugénisme animée par deux membres du Comité Consultatif National d’Ethique.
La dernière demi-journée, elle, était génétique.
Place aux jeunes
Comme chaque année, le concours « Place aux jeunes », organisé notamment par le Dr VIVANTI , donne l’opportunité à des jeunes médecins présélectionnés de présenter leurs travaux de recherche. Les résultats novateurs et prometteurs du Dr TEILLET ont été récompensés lors de ce congrès. Ce pédiatre du CHU de Lille a analysé l’adaptation hémodynamique à la vie extra-utérine chez des modèles ovins atteints de hernie diaphragmatique congénitale , induite pour le coup, ouvrant ainsi la voie vers une meilleure prise en charge des nouveau-nés atteints dès la salle de naissance, démontrant l’intérêt d’une réanimation débutée avant la section du cordon, une récompense ainsi décernée pour des travaux encore en cours mais déjà très prometteurs dans la prise en charge de cette pathologie.
Clin d’œil à l’association « Le Cœur du Nid »
N’oublions pas les 11 exposants, des fabricants d’échographes, laboratoires, aux associations, qui agrémentent les pauses de leur présence. Parmi elles, soulignons cette année « Le Cœur du Nid », un réseau de bénévoles qui permet une entraide de proximité gratuite au service des familles ayant un enfant porteur de handicap.
On se donne rdv en 2024 !
Ces 28èmes journées de Médecine Fœtale ont donc tenu toutes leurs promesses, offrant des conférences très diverses et de qualité, qui ouvrent la réflexion et incitent chacun à perfectionner encore et toujours sa pratique. Alors à vos agendas, l’année prochaine les 29èmes journées auront lieu les 25, 26 et 27 Septembre 2024, toujours au Centre de Congrès d’Aix-en-Provence !
Par Aurélie Crozet