En cas de rupture prématurée des membranes avant terme, des questions peuvent se poser : Faut-il privilégier une attitude interventionniste ou plutôt l’expectative ? Quel est l’âge gestationnel optimal pour accoucher ? Dans de récentes RPC, le CNGOF apporte des éléments de réponse.
Pour prendre en charge une patiente avec rupture prématurée des membranes avant terme, deux alternatives sont discutables. D’un côté, intervenir pour déclencher l‘accouchement afin de réduire le risque d’infection intra-utérine, de procidence de cordon et d’hématome rétro-placentaire et de l’autre, prolonger la grossesse jusqu’au terme dans le but de diminuer les risques néonatals liés à la prématurité.
Pour déterminer l'âge gestationnel auquel l’accouchement doit être déclenché, le CNGOF a procédé à une recherche bibliographique.
Prolonger la grossesse ou déclencher l’accouchement ?
Il en ressort qu’une durée prolongée entre la rupture prématurée des membranes et la naissance n’est pas liée à davantage de complications néonatales (NP3).
Malgré quelques limites dans l’étude de Drassinower et al, sur 1593 patientes, dont 1390 avec une durée de latence de moins de 4 semaines et 206 supérieur à 4 semaines, le sepsis néonatal est survenu dans 15,5 % des cas et la période de latence n’augmentait pas le risque de survenue de sepsis néonatal. Même, en cas de durée au-delà de 4 semaines, le risque était même diminué (OR : 0,21 ; IC95 % : 0,10–0,41).
Ainsi, selon ces conclusions et celles d’autres études, il n’est pas recommandé de déclencher avant 34 semaines d’aménorrhées (Grade C).
Quelle est la meilleure « période » pour déclencher l’accouchement ?
Après 34 SA et avant 37 SA, selon les essais randomisés passés au peigne fin, il n’y a pas lieu de déclencher la naissance dans le cas d’une rupture prématurée des membranes non compliquée (Grade A). Des arguments en faveur de cette recommandation, c’est qu’il n‘y a pas plus de sepsis néonatal (NP1), les auteurs notent moins de césarienne et moins de détresse respiratoire. Néanmoins, le risque d’infection intra-utérine serait majoré (NP2).
L’attitude interventionniste, quant à elle, est liée à une augmentation de césarienne, de détresse respiratoire et d’hospitalisation en néonatologie (NP2).
Prolonger la grossesse serait alors la meilleure option et même en cas de portage de streptocoque B, car sous « couvert d’une antibioprophylaxie, lors du diagnostic de rupture prématurée des membranes, il n’est pas recommandé de modifier la prise en charge avant 37 SA » (Accord professionnel).
Quand il faut déclencher, comment procéder ?
Si de plus en plus d’équipes utilisent le ballonnet transcervical, il ne peut intégrer des recommandations pour le moment puisque les études sont encore limitées dans le cas de rupture prématurée des membranes avant 37 SA (Accord professionnel). Ainsi, les alternatives envisageables sont le recours à l’ocytocine et aux prostaglandines (Accord professionnel). La césarienne itérative, quant à elle, reste réservée aux situations obstétricales habituelles.
Référence :
P. Delorme, C. Garabedian. Recommandations pour la pratique clinique Modalités de naissance en cas de rupture des membranes avant terme non compliquée. RPC Rupture prématurée des membranes avant terme CNGOF.