Une récente étude de la revue Vaccine apporte des preuves supplémentaires sur l’efficacité et la sécurité du vaccin à teneur réduite en antigène contre le tétanos, la diphtérie et la coqueluche acellulaire (Tdap) chez les femmes enceintes.
Les enjeux de la vaccination contre coqueluche pendant la grossesse
En France la vaccination contre la coqueluche n’est recommandée que dans le post-partum. Toutefois, la HAS préconisait en 2018 de vacciner les femmes enceintes au 2e trimestre, en période d’épidémie comme c’était le cas à Mayotte.
Lorsqu’on regarde à travers le monde, près de 40 pays recommandent la vaccination dcaT pendant la grossesse comme l'Argentine, l'Australie, l'Autriche, la Belgique, le Brésil, le Canada, Israël, l'Italie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, l'Espagne, la Suède, la Suisse et le Royaume-Uni.
L'immunisation pendant la grossesse permet une immunité passive par le transfert placentaires d'une concentration élevée d’anticorps permettant de prévenir la maladie chez le nourrisson âgé de moins de 3 mois. La vaccination maternelle peut ainsi réduire les risques de complications, d’hospitalisations et de décès liés à cette pathologie bactérienne aigüe chez le nouveau-né vulnérable en attendant sa primo-vaccination.
Le vaccin contre la coqueluche est sécuritaire pour les femmes enceintes
Un registre des grossesses a été lancé aux Etats-Unis pour le vaccin Tdap Boostrix (GSK) en 2005 dans le cadre d’un programme de pharmacovigilance. L’objectif était ainsi de décrire les issues de la grossesse des femmes enceintes vaccinées intentionnellement ou non avec Boostrix pendant la grossesse ou 28 jours avant la conception ainsi que la survenue de malformation congénitale. Les données ont été collectées pendant 14 ans. Un total de 1455 rapports prospectifs et 62 rapports rétrospectifs de grossesses avec exposition au Boostrix ont été reçus. Parmi les rapports prospectifs, 250 avaient des résultats connus. Les femmes enceintes pour 77,2 % d’entre elles, ont été exposées à Boostrix au cours du troisième trimestre , conformément aux recommandations du CDC.
Comparativement aux femmes enceintes non vaccinées, les données publiées n'ont pas suggéré un risque accru d'issues indésirables de la grossesse telles que des avortements spontanés, des mortinaissances ou des naissances prématurées , ou des effets indésirables chez les nourrissons liés à l'administration de vaccins anticoquelucheux acellulaires pendant la grossesse. Les données retrouvées étaient en corrélation avec la littérature sur le sujet.
L’Académie nationale de médecine en faveur de la vaccination contre la coqueluche pendant la grossesse
Dans un rapport de 2021, l’Académie nationale de médecine, des experts recommande d’élargir la vaccination contre la coqueluche à la France entière, et non seulement applicable à Mayotte.
La recommandation concernant la vaccination des femmes enceintes contre la coqueluche, actuellement limitée au département de Mayotte, doit être élargie à la France entière, car « elle est la première cause de mort par infection bactérienne communautaire chez les nourrissons de moins de 3 mois, plus de 90% des décès par coqueluche survenant avant l’âge de 6 mois ». « Il faut lever les réticences autour de la vaccination pendant la grossesse. Si les contre-indications concernant les vaccins vivants (rougeole, rubéole, oreillons, varicelle et BCG) doivent être maintenues et rappelées, les objections théoriques quant à l’efficacité et à l’innocuité peuvent être levées au regard de l’expérience accumulée par les pays qui vaccinent les femmes enceintes contre la grippe et contre la coqueluche depuis plusieurs années. Les campagnes d’information sur la vaccination contre la coqueluche doivent cibler les médecins généralistes, mais aussi les gynécologues – obstétriciens, les services de consultation prénatale et mettre en valeur le rôle des sages-femmes. »