Avec des signes non spécifiques , diagnostiquer l’embolie pulmonaire chez la femme enceinte n’est pas évident. Pour faciliter le diagnostic sans soumettre obligatoirement la patiente à l’imagerie, Une étude publiée dans The New England Journal of Medicine a évalué le nouvel algorithme YEARS.
L’embolie pulmonaire est l’une des principales causes de décès maternel et la grossesse est un facteur de risque de la pathologie. C’est pourquoi, cette complication de la thrombose veineuse profonde est plus souvent suspectée chez la femme enceinte que dans la population générale. Mais avec des signes cliniques peu spécifiques (tachycardie, œdème membres inférieurs, dyspnée), et un dosage des D-dimères peu performant durant la grossesse, devant une suspicion d’embolie pulmonaire, l’exploration fait appel à un angioscanner ou une scintigraphie exposant mère et fœtus aux irradiations. Alors y-a-t-il un autre moyen pour poser le diagnostic sans recourir à une imagerie invasive ?
Adaptation de l’algorithme YEARS sur les femmes enceintes
Préalablement testé sur 3465 patients dans l’étude « Years », l’étude prospective internationale « Artemis » a évalué l’algorithme YEARS auprès de 498 femmes enceintes. Environ la moitié des patientes étaient au 3e trimestre de grossesse, elles étaient âgées en moyenne de 30 ans et présentaient une douleur thoracique, une dyspnée associée ou non à une hémoptysie ou tachycardie.
Les chercheurs ont évalué avec le dosage des D-dimères 3 critères de l’algorithme YEARS :
- Les signes cliniques de thrombose veineuse profonde
- L’hémoptysie
- L’argument que l’embolie pulmonaire soit le diagnostic le plus probable
L’algorithme exclut le diagnostic d’embolie pulmonaire en l’absence des 3 critères et d’un dosage de D-dimères inférieur à 1000 ng/ml ou bien lorsque la patiente présente 1 à 3 critères, mais avec des D-dimères inférieur à 500 ng/ml.
Pour adapter l’algorithme aux parturientes, celles avec des signes de thrombose veineuse profonde ont bénéficié d’une échographie-doppler.
YEARS a exclu le diagnostic d’embolie pulmonaire en évitant l’angioscanner dans 39% des cas
Lors du suivi, une thrombose veineuse profonde poplitée a été diagnostiquée chez une patiente, aucune n'a souffert d'embolie pulmonaire. L'angiographie pulmonaire par TDM n'était pas indiquée, elle a donc été évitée chez 195 femmes (39%; IC95%, 35 à 44). Par contre, l'efficacité de l'algorithme était plus performante au premier trimestre qu’au troisième trimestre grossesse. Ainsi 65% des patientes ayant débuté l’étude au premier trimestre n’ont pas été soumises à l'angiographie pulmonaire par TDM vs 32% pour celles commençant l’étude au troisième trimestre.
Source : Pregnancy-Adapted YEARS Algorithm for Diagnosis of Suspected Pulmonary Embolism - N Engl J Med 2019; 380:1139-1149