Une épidémie de grippe bien installée

En semaine 49 (1er-7 décembre 2025), le taux d'incidence des infections respiratoires aiguës vues en consultation générale est estimé à 238 pour 100 000 habitants, contre 189 pour 100 000 en semaine 48, témoignant d'une progression nette de l'activité en ville. Les consultations pour syndrome grippal augmentent également, passant de 118 à 190 pour 100 000 habitants en une semaine, avec une dynamique enregistrée dans toutes les classes d'âge.​

La grippe constitue le principal moteur de cette hausse, avec des indicateurs en progression dans la majorité des régions : tout l'Hexagone est enépidémie, alors que la Corse reste en phase pré‑épidémique. Les laboratoires de ville rapportent un taux de positivité grippe d'environ 22 %, atteignant plus de 30 % pour les prélèvements réalisés en médecine de ville, tandis qu'à l'hôpital le taux de positivité avoisine 8 %.​

Profil virologique : prédominance du A(H3N2)

Les analyses virologiques montrent une prédominance des virus grippaux de type A, avec une part croissante du sous-type A(H3N2) depuis la semaine 48, au détriment du A(H1N1). Ce profil est classique des saisons où les personnes âgées sont particulièrement exposées à des formes plus sévères, avec un impact attendu sur les hospitalisations et les réanimations.​

En parallèle, d'autres virus respiratoires continuant de circuler (VRS, rhinovirus/entérovirus), contribuant à la charge globale d'infections respiratoires aiguës, notamment chez les jeunes enfants. Cette co‑circulation complique le diagnostic clinique, renforce l'intérêt des tests virologiques ciblés et souligne l'importance des messages de prévention cohérents auprès du grand public et des femmes enceintes.​

Bronchiolite : forte pression pédiatrique

L'épidémie de bronchiolite se maintient en métropole et s'est étendue à plusieurs territoires ultramarins, notamment la Guadeloupe et la Martinique. Chez les enfants de moins d'un an, la bronchiolite représente 20,8 % des passages aux urgences (soit un peu plus de 3 000 passages) et 35,9 % des hospitalisations (près de 1 000 hospitalisations) sur la période récente.​

Depuis la semaine 40, la surveillance pédiatrique recense 84 cas graves de bronchiolite, majoritairement chez des nourrissons de moins de 6 mois, avec une implication fréquente du virus respiratoire syncytial (VRS) et des rhinovirus/entérovirus. Ce poids important sur les urgences pédiatriques et les services d'hospitalisation rappelle l'intérêt des stratégies d'immunisation contre le VRS (vaccination maternelle ou anticorps monoclonal) et du renforcement des mesures d'hygiène autour des nouveau-nés.​

COVID-19 : faible en clinique, en augmentation dans les eaux usées

Les indicateurs cliniques liés au COVID‑19 restent à un niveau faible et stable : les actes SOS Médecins pour COVID représentent environ 0,5 % de l'activité, et les passages aux urgences 0,2 % de l'ensemble. En réanimation, 87 cas de COVID‑19 ont été signalés depuis la semaine 40, majoritairement chez des personnes de 65 ans et plus, souvent avec comorbidités.​

En revanche, la surveillance des eaux usées fait état d'une augmentation marquée du signal SARS‑CoV‑2, estimée à plus de 40 % d'augmentation, ce qui justifie le maintien d'une vigilance sur l'évolution épidémique et sur l'émergence de nouveaux variants. Cette dissociation entre faible pression clinique immédiate et signal environnemental élevé invite à maintenir les rappels vaccinaux chez les publics éligibles, notamment les personnes à risque et les femmes enceintes.​

Formes graves et tension hospitalière

Sur la semaine 49, on recense 17 447 passages aux urgences pour infections respiratoires aiguës basses, soit 5 % de l'ensemble des passages, et 5 896 hospitalisations, représentant 8,3 % des admissions. Les cas graves de grippe en réanimation concernent principalement les personnes âgées et porteuses de comorbidités, et la majorité des patients pour lesquels le statut vaccinal est renseigné n'étaient pas vaccinés.​

Cette augmentation des formes graves et des hospitalisations impose une adaptation des organisations : anticipation des flux aux urgences, coordination avec la médecine de ville, et mobilisation des équipes périnatales pour sécuriser les parcours des femmes enceintes et des nouveau-nés. Dans ce contexte, la sortie précoce en maternité et le suivi à domicile doivent être pensés en articulation étroite avec le contexte épidémique et les ressources du territoire.​

Messages clés pour les femmes enceintes et sages-femmes

Les femmes enceintes restent une population à risque de formes sévères de grippe, de COVID‑19 et de complications respiratoires, avec un surrisque d'hospitalisation, de détresse respiratoire et d'accouchement prématuré en cas d'infection. Les recommandations nationales préconisent la vaccination antigrippale à tout terme de la grossesse, ainsi que les rappels COVID‑19 pour les femmes éligibles, avec un bénéfice double : protection maternelle et transfert d'anticorps au nourrisson pour ses premiers mois de vie.​

Les sages‑femmes ont un rôle central pour :

• Proposer activement la vaccination (grippe, rappel COVID‑19, VRS selon les territoires), en impactant ses bénéfices et sa sécurité pendant la grossesse.

• Renforcer les mesures d'hygiène : lavage des mains, port du masque en cas de symptômes, limitation des contacts avec les personnes malades, aération régulière du domicile et des salles d'attente.​

En période de forte circulation virale, chaque consultation prénatale est une opportunité pour informer, vacciner, adapter le suivi et co‑construire avec la femme un projet de naissance et de retour à domicile compatible avec la réalité épidémique de l'hiver.​

Sources :

Bulletin infections respiratoires aiguës, semaine 49, Santé publique France (10 décembre 2025) ; Ministère de la Santé ; HAS (vaccin grossesse) ; réseau Sentinelles.
La HAS rappelle l’importance de la vaccination chez les femmes enceintes. HAS, avril 2025.