Sans grande surprise la situation périnatale s’aggrave en France et pour cet été 2022, près de 10% des maternités fermeront leurs portes partiellement, faute de sages-femmes.
Malheureusement le « une femme, une sage-femme », n’est pas pour tout de suite. Le Conseil national de l’Ordre des sages-femmes (CNSF) alertait déjà en 2021 : « de nombreuses maternités rencontrent d’immenses difficultés à recruter des sages-femmes. Conséquences : les effectifs réduits ne permettent plus de garantir la sécurité des patientes. »
Un an plus tard, le CNSF titre un communiqué « les maternités ne veulent pas mourir ». Pourtant, la situation périnatale est dramatique, comme la maternité de Nevers, presque une cinquantaine de maternités françaises travailleront en mode dégradé durant l’été en raison de la pénurie des soignants. Tels sont les résultats alarmants d’une enquête menée par l’Organisation Nationale des Syndicats de Sages-Femmes, entre le 1er et le 26 juin 2022.
Les maternités centrées sur les accouchements
Pour assurer les accouchements, d’autres services ne seront plus proposés aux femmes tels que la préparation à la naissance et à la parentalité, le suivi de grossesse, les échographies obstétricales, et même des lits dans les services des grossesses à risque et de suites de naissance seront fermés.
C’est le cas de la maternité de l’hôpital d’Orléans. Dix-sept postes de sages-femmes sont à pourvoir mais il n’y aura que trois recrutements pour l’été. Alors, depuis le 1er juillet, 10 lits de suites de naissance sont fermés et les femmes seront suivies pour la fin de leur grossesse dans les maternités de Montargis, de Chartres, Bourges, Blois, ce qui n’est pas tout près.
Le secteur libéral aussi impacté
Pour prendre le relai des établissements hospitaliers, il ne faudra pas compter sur le secteur libéral. Si les sages-femmes libérales, pour 80%, recontraient déjà des difficultés pour se faire remplacer pendant leurs congés, pour 2022, 50% des professionnels devront fermer leur cabinet faute de possibilité de remplacement .Nombreuses sont les sages-femmes à modifier ou raccourcir leurs dates de vacances pour répondre aux besoins des patientes pourtant, les professionnels ont aussi besoin de recharger les batteries !
Un mal-être trop profond
Le ras le bol des sages-femmes évoluant dans un système périnatal grangréné date depuis plusieurs années. Aujourd’hui, subsistent le manque de professionnels dans les hôpitaux, des conditions d’exercice précaires (CDD, anciennes grilles salariales) et insatisfaisantes pour prendre en charge les mères et les nouveau-nés. La deception et la frustation de ne pas faire correctement son travail faute de temps hantent de nombreux professionnels et générent une véritable souffrance qui les traîne jusqu’au burnout.
Aujourd’hui, on nous parle de l’importance de la période des 1 000 premiers jours, de la prévention de la dépression du post-partum, on prône la physiologie de la naissance, de grandes ambitions à mener alors que les sages-femmes, acteurs indispensables, fuient la profession. Un paradoxe ! Il est urgent d’inverser la tendance car encore une fois la santé des mères est en danger tout comme leurs droits fondamentaux.
Sources :
francebleue.fr
france3-regions.francetvinfo.fr
lefigaro.fr