Le Haut conseil de la santé publique rappelle dans son rapport « Prévention de l’infection à cytomégalovirus chez la femme enceinte et le nouveau-né » que seules les mesures d’hygiène sont indispensables pour prévenir une infection à CMV pendant la grossesse.
L’infection à CMV durant la grossesse
Bien que souvent inaperçue pour la mère, l'infection à CMV lors de la grossesse peut causer des lésions potentiellement graves chez le fœtus (infection systémique sévère, atteinte neurologique sévère, retard mental, surdité, choriorétinite, décès…). Avec en moyenne un risque de transmission fœtale de 30 à 40%, 10 % des fœtus présenteront des séquelles graves. Le risque de transmission augmente au fur et à mesure de la grossesse tandis que la gravité et les séquelles décroissent.
La question du dépistage systématique se pose puisque des praticiens « pratiquent le dépistage hors recommandation chez 25% des femmes enceintes ». Mais à ce jour, il n’existe ni de vaccination, ni de traitement efficace. Pour ces raisons, le Haut conseil de la santé publique a rendu dans son rapport que le « dépistage sérologique systématique de l’infection à CMV n’était pas justifié. »
La prévention pour prévenir les primo-infections comme les réinfections
Il rappelle ainsi que le travail se situe surtout au niveau de la prévention avec des mesures d’hygiène, « qui pourtant simples, sont largement méconnues à la fois des professionnels de santé et du grand public, et donc très mal appliquées en France ». Il y aurait 70% des médecins et sages-femmes qui n’informeraient pas les femmes enceintes au sujet du CMV.
Les femmes enceintes, quel que soit leur statut sérologique doivent appliquer des mesures d’hygiène pour prévenir des primo-infections, des réinfections et des réactivations du virus ; En effet, « la contribution relative des infections secondaires a été récemment réévaluée et la majorité des nouveau-nés avec infection congénitale surviennent chez des mères préalablement infectées, (et 75% aux USA), lors d’une réactivation d’un virus latent ou une réinfection avec une nouvelle souche ».
Les mesures d’hygiène
Le virus se transmet par la salive, les larmes, les urines, le sang et les sécrétions génitales. Les enfants en bas âge représentent le principal risque de contracter une infection à CMV. Ainsi le Haut conseil de la santé publique recommande à la femme enceinte, à celle ayant un souhait de grossesse, au conjoint, ainsi qu’à l’entourage de :
Ne pas sucer la cuillère ou la tétine, et de ne pas gouter ou finir le repas des enfants de moins de 3 ans
Ne pas partager les affaires de toilette (gant de toilette, serviette) avec des enfants de moins de 3 ans
Ne pas embrasser sur la bouche ou les larmes des enfants de moins de 3 ans. Et limiter le contact buccal avec les larmes et/ou la salive des enfants de moins de 3 ans ;
Se laver soigneusement les mains à l'eau et au savon après chaque change ou contact avec les urines ou après chaque contact avec la salive (couche, pot, pyjama mouillé, jouets, repas, bain, …) ou les secrétions nasales des enfants de moins de 3 ans.
- Il est également conseillé d’utiliser un préservatif en cas de changement de partenaire ou si une infection à CMV est suspectée chez le conjoint
Le respect de ces mesures d’hygiène tout au long de la grossesse permettrait de diminuer de moitié l’incidence des primo-infections. Ces précautions pourraient tout aussi impacter les réinfections, mais à ce jour, il n’y a pas d’étude pour le démontrer.
Alors, quand faut-il dépister ?
La recherche d’infection à CMV est demandée en cas de signe d’appel échographique (au niveau cérébral) ou face à des signes cliniques maternels comme une fièvre, fatigue, céphalées, syndrome grippal non expliqués par une autre infection en cours.
Source : hcsp.fr