L’inflation touche aussi les étudiant-e-s sages-femmes. L’enquête sur le coût moyen de la rentrée menée par l’Association nationale des étudiant-e-s sages-femmes (ANESF) est sans appel : le coût de la rentrée augmente encore pour 2022/2023 avec une hausse de 4,27% pour les étudiant-e-s en 2e année de licence.
Pour la 6e annèe les étudiant-e-s devront subir une nouvelle augmentation, c’est ce que revèle l’enquête annuelle sur le coût de la rentrée de l’ANESF.
L’enquête « coût de la rentrée » : qu’est-ce que c’est ?
L’ANESF enquête depuis 2016 sur l’évaluation du coût de la rentrée en prenant en compte l’indicateur du coût de la rentrée (iCDR). Celui-ci permet d’évaluer le coût de la rentrée pour un-e étudiant-e de 20 ans en première année de licence entrant en deuxième année de licence, qui n’est pas boursier, qui n’habite pas au domicile des parents et qui n’a pas de double inscription. Il sépare les frais de la vie courante (alimentation, loyers, loisirs, transports, téléphonie, internet, vêtements, produits d’hygiène et d’entretien) des frais spécifiques liés à la rentrée unversitaire (les frais d’inscription, les frais de Contribution à la Vie Étudiante et de Campus (CVE-C), les frais d’agence, la souscription à une assurance logement et à une complémentaire).
Trois établissements en Ile-de-France, vingt huit en régions de France métropolitaine et deux en DRM-COM ont été prises en compte dans l’enquête.
Les frais de la vie courante et les frais specifiques à la rentrée augmentent
De façon global, les étudiant-e-s devront affronter une nouvelle hausse de 4,27% pour la rentrée 2022/2023. L’année précédente une augmentation de 2,68% avait déjà été constatée.
Se loger, se nourrir, se déplacer revient plus cher aux étudiants d’IDF et des autres régions. Les frais de la vie courante passent de 1132,12€ à 1160,07€, soit une augmentation de 2,47%. En regardant de plus près, ce sont les étudiant-e-s des régions de France métropolitaine qui sont le plus impactés avec une hausse de 2,56% , comparativement à l’IDF avec une augmentation de 1,76%.
Le focus sur les frais propres à la rentrée font grincer des dents ! L’augmentation est ici de 5,85%. Elle est liée aux frais de CVEC, d’assurance logement, de matériel pédagogique et matériel de stage.
Mais côté rénumération des étudiant-e-s, qu’est-ce qui a changé ?
Avec Loona Mourenas, Porte-parole ANESF et Benjamin LOHEZ Vice-Président en charge des Affaires Sociales et de la Défense des Droits de l'ANESF
Du côté des aides récentes qui ont été mises en place, nous pouvons noter la revalorisation des bourses de 4% pour cette rentrée 2022. Une augmentation nécessaire au vu de l’inflation actuelle mais encore insuffisante comparée à l’accroissement de la précarité étudiante car rappelons que 20% des étudiant.e.s en France vivent sous le seuil de pauvreté. De même pour cette rentrée 2022, une allocation exceptionnelle de 100€ sera allouée aux étudiant.e.s boursier.ère.s ou bénéficiant d’APL. Une mesure vitale mais également insuffisante car ne s’appliquant que pour la rentrée à certains étudiant.e.s uniquement.
Du côté des rémunérations des étudiant.e.s sages-femmes, les étudiant.e.s de 1er cycle (2ème et 3ème année) ne bénéficient d'aucune indemnité en stage ni d'indemnités kilométriques lors de leurs stages souvent réalisés en périphérie (sachant que les ESF en 3ème année réalisent jusqu’à un équivalent mi-temps en stage au cours de leur année). Pour les étudiant.e.s de 2ème cycle, il n’y a pas eu de nouvelle revalorisation depuis celle issue du plan ségur en 2020. Ces étudiant.e.s bénéficient donc toujours d’une rémunération inférieure à 3,90€/h, qui est pourtant le minimum légal pour la rémunération des étudiant.e.s stagiaires dans l’enseignement supérieur. Il en est de même pour leurs indemnités kilométriques qui sont délivrées sous la forme d’un forfait de 130€ brut pour leurs stages se déroulant à plus de 15 km du CHU ou domicile et pas adaptées au nombre réel de kilomètres parcourus
Faire des études même quand elles sont dites gratuites, deviendrait-il un luxe ? Quel est votre avis ?
Comme nous l’avons révélé dans notre dossier de presse, même des études considérées comme “gratuites” peuvent engendrer de nombreux frais et ce tant à la rentrée qu’au cours de l’année.
Les études de sage-femme, particulièrement, imposent un rythme soutenu entre la proportion de cours et de stages pendant les différentes années d’études. Lors de leurs stages, les étudiant.e.s réalisent des gardes tant de jour que de nuit, en semaine ou le weekend. Cette organisation rend difficile d’allier le bon déroulement de la formation avec un emploi étudiant. Pour les étudiant.e.s qui ne bénéficient pas d’une aide de la part de leur famille ou non bénéficiaires d’aides sociales par exemple, cette impossibilité d’avoir un emploi étudiant et les nombreux frais engendrés par ces études peuvent compromettre la poursuite de leur formation.
Et ce constat reste le même en dehors des études de sage-femme. Le coût de la rentrée calculé par la FAGE pour les étudiants “classiques” non boursiers entrant en 1ère année de licence s’élève à 2527€, des frais en constante augmentation également qui rendent l’accès à l’enseignement supérieur de plus en plus difficile.
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