C’est suite au rapport du Dr Marra, psychiatre, que le gouvernement a annoncé, le 3 avril 2018, « 15 mesures pour le bien-être des étudiants en santé ».
Les étudiants en santé au bord du gouffre
Récemment, encore en ce début 2018, une étudiante en médecine à Paris s’est suicidée. En une année, l’Intersyndical National des Internes a récencé dix suicides. Il y a aussi cette sombre histoire où une étudiante sage-femme, en 2e année, s’était donné la mort, à Besançon, en 2010.
Humiliations, maltraitances, conditions d’accueil déplorables, etc, les professionnels de demain sont déjà rongés par l’anxiété et le stress. Selon l’enquête de la FNSI (Fédération Nationale des Etudiants en Soins Infirmiers), portant sur 14 000 étudiants en soins infirmiers, dont fait état le rapport : 40% d’entre eux déclarent la prise de psychotropes et 30% souffrent de crise d’angoisse.
L’ANESF (Association Nationale des Etudiants Sages-Femmes) s’est emparée du sujet en lançant une enquête « bien-être », en mars 2018, adressée aux étudiants sages-femmes, ce qui permettra d’obtenir des données factuelles sur cette filière.
Parmi les enquêtes effectuées par les associations « le rôle des conditions générales d’études, de l’accès à des activités culturelles et sportives, du respect du temps de travail, de la qualité de l’encadrement en stage, de l’existence de temps d’échange et de lieux d’écoute » seraient des paramètres responsables de la dégradation de vie des étudiants en santé.
Quelles mesures pour étudier sans bousiller sa santé?
Dans une fiche mémo de l’HAS (mai 2017), relayée par le rapport, elle définit les professions de santé comme une « population à risque historiquement identifiée et objet de nombreuses études récentes montrant une morbidité particulièrement élevée, les professionnels de santé en activité ou en formation sont exposés au risque d’épuisement professionnel, étant donné la pénibilité de leur travail que ce soit pour des causes intrinsèques liées à la nature même de l’activité médicale (confrontation avec la souffrance et la mort, prises en charge impliquant l’entrée dans l’intimité des patients, etc.) ou des causes intrinsèques (charge et organisation du travail, etc.) ».
Face à ce constat alarmant, comme le souligne Dr Donata Marra, « il est temps d’intervenir, pour les étudiants, les soignants et les patients».
Pour agir, son rapport propose 12 recommandations qui ont permis la conception des « 15 mesures pour le bien-être des étudiants en santé ». Parmi les points forts énoncés, il est question de « créer dans les université une structure d’accompagnement des victimes de violence », d’ « assurer l’évaluation systématique des lieux de stage des étudiants », d’ « améliorer les conditions de travail en stage », d’ « introduire […] un module concernant les risques psychosociaux ».
S’emparer de cette situation désastreuse, c’est aussi la mission des professionnels d’aujourd’hui. Apprendre, c’est s’accomplir et non pas se rendre malade ou se donner la mort !
Sources :
Dossier de presse « 15 mesures pour le bien-être des étudiants santé », mardi 3 avril 2018, enseignementsup-recherche.gouv.fr, soldarites-sante.gouv.fr
fnesi.org
lemonde.fr
start.lesechos.fr