Captivants, innovants, bienveillants, voilà 3 mots clés pour résumer les travaux des 6 lauréates du Grand Prix evian 2020 !
La 29e Edition du Grand Prix evian s’est déroulée les 2 et 3 octobre 2020 au château de Montvillargenne. En petit comité, crise sanitaire oblige, les échanges ne se sont pas moins montrés intéressants, au contraire !
Avec des présentations dignes de professionnels expérimentés, les six lauréates, en 180 secondes, ont su captiver l’auditoire et conquérir le jury de sages-femmes*. Les sujets encore plus innovants nous ont placés au cœur de l’actualité et ont donné lieu à de riches échanges scientifiques pour un but commun : améliorer les pratiques professionnelles, travailler et accompagner les patientes dans la bienveillance. Parole de sages-femmes vous partage un tour d’horizon de ces excellents travaux.
Le Prix Scientifique et le Prix Spécial du Jury
Marianne Portmann (1), qui a remporté le Prix Spécial du Jury, nous a invités à s’interroger sur la symbolique de l’embryon congelé des couples en PMA et leur décision de les céder à la recherche. Un sujet qui nous pousse à réfléchir sur l’embryon, sur sa distinction entre être humain et être vivant, car même quand le projet parental n’est plus, la décision du devenir des embryons congelés reste complexe.
Joséphine Miloche (2), nominée pour le Prix Scientifique, a dans son travail donné la parole aux sages-femmes et aux étudiants sages-femmes pour mieux cerner leurs relations inter-humaines qui impactent la relation de compagnonnage. Elle nous rappelle que la bienveillance est un des besoins les plus importants, pourtant des sages-femmes du terrain peinent à s’investir dans cet enseignement en raison d’une surcharge de travail, d’un surnombre d’étudiants et du manque de continuité pédagogique.
Les 4 autres lauréates sont aussi victorieuses du Grand Prix evian !
Lisa Belaidi (3), dans une étude descriptive aux dimensions psychologiques, a retrouvé une corrélation entre la satisfaction, la perception corporelle des femmes enceintes. Elle met en lumière que la compréhension de l’anatomie et le fonctionnement du corps pendant la grossesse sont des facteurs qui impactent la sécurité émotionnelle. Pourtant dans ce travail, 51% des femmes ignoraient la localisation du périnée et 90%, qu’il comprenait 3 orifices.
Océane Buisson (4) a donné la parole aux professionnels exerçant dans des maternités labélisées Initiative Ami des Bébés (IHAB). Label, gage d’humanisation des soins, il propose entre autres un accompagnement des couples pour favoriser leur autonomie et de remettre la physiologie au cœur des soins. Pourtant parmi les entretiens réalisés auprès de professionnels adhérant aux valeurs de la démarche IHAB, certains émettent des craintes sur l’aspect chronophage de ces nouvelles pratiques et les écarts qu’il peut y avoir entre la réalité du terrain et les attentes du label. Si le label apporte des bénéfices aux usagers comme aux équipes, pour Océane, une question demeure : que reste-t-il de l’IHAB, une fois que les couples rentrent à domicile ?
La présomption d’hétérosexualité, vous connaissez ? Audrey rebours (5) attire notre attention sur un sujet de santé publique, sur les femmes ayant des rapports avec les femmes et qui ne bénéficient pas d’un suivi gynécologique optimal. D’abord parce que globalement, ces femmes ne se sentent pas concernées par le suivi gynécologique et les mesures préventives mais aussi en raison d’un manque de connaissances des professionnels. Dans les conculusions de ce travail, il ne s’agit pas d’accompagner de façon radicalement différente ces femmes mais de prendre en compte leurs besoins spécifiques en lien avec leur orientation sexuelle.
L’expérience d’une mission humanitaire influencerait-elle la pratique hospitalière des sages-femmes hospitalières ? Selon le travail de Lisa Hennequin (6), il semblerait que la réponse soit positive : plus attentives à l’observation et moins enclines à proposer des examens paracliniques. Elles sont aussi plus susceptibles de remettre en question le système de santé français. Quand on a expérimenté le travail dans l’urgence, dans le stress et avec un manque de moyens, les sages-femmes en ressortent plus armées et plus confiantes pour affronter leur pratique professionnelle en France.
*Membres du jury : N. Querol, présidente du jury sage-femme directrice ESF Bourg-en-Bresse, P.Blanc-Petit-Jean, sage-femme épidémiologiste à Paris, A.Macias, sage-femme hospitalière à Paris, C.Brochet, sage-femme hopitalière à Paris et N.Dutriaux, sage-femme libérale à Paris.
1. Marianne Portmann. Symbolique des embryons congelés et don à la recherche : étude qualitative menée dans le service d’AMP du CMCO à Schiltigheim. Université de Strasbourg – Ecole de sages-semmes de Strasbourg.
2. Joséphine Miloche. Les facteurs de la relation entre étudiant sage-femme et sage-femme : réciprocité et confrontation des regards. Étude qualitative au sein d’hôpitaux lyonnais. Mémoire d’Etat de l’université de Lyon opéré sein de L’Université Charles Mérieux –Ecole de Sage-Femme de Lyon.
3. Lisa Belaidi. Image du corps et grossesse : Satisfaction, perceptions et connaissances des femmes : Etude prospective menée au Centre Hospitalier Universitaire de Besançon, à propos de 71 patientes. UFR Sciences de la santé université de Franche-Comté département de maïeutique.
4. Océane Buisson. Label «Initiative Hôpital Ami des Bébés »:La parole est aux professionnels de santé. Étude qualitative menée auprès des professionnels de santé au sein d’une maternité labellisée IHAB des Hauts-de-France. Université catholique de Lille. Faculté de médecine et maïeutique- Filière maïeutique.
5. Audrey Rebours. Vécu du suivi gynécologique chez les femmes proches des associations LGBT. Université Angers.
6. Lisa Hennequin. Les effets d’une mission humanitaire sur la pratique professionnelle hospitalière de sages-femmes. Académie de Paris Ecole de sages-femmes Saint-Antoine Sorbonne Université – Faculté de médecine.
©Nathanael Deluz