Vous souhaitez vous orienter vers la recherche clinique mais vous n'osez pas? Besoin de conseils? Laurent Gaucher, sage-femme clinicien et chercheur nous éclaire pour se lancer dans ce domaine.
Quel est votre parcours pour parvenir à la recherche ? Vos conseils ? Les difficultés rencontrées?
Actuellement, je suis doctorant en 2e année dans la discipline de santé publique. Pour y parvenir il m’a fallu valider un master de santé publique. Cela ne représente pas de difficultés particulières, simplement du temps et un minimum d’investissement. Bien sûr, il faut se replonger dans les biostatistiques, la médico-économie, le droit, la recherche qualitative … Mais ces disciplines qui paraissent abruptes et très théoriques trouvent tout leur sens quand on les aborde au regard d’une expérience clinique.
Ces disciplines sont donc facilement accessibles aux cliniciens, à condition qu’ils se trouvent dans un esprit, une démarche universitaire d’ouverture. Il ne faut pas être trop scolaire pour travailler dans la recherche, car, même s’il faut savoir structurer sa pensée, il faut avant tout apprendre à penser en dehors des sentiers battus.
Si une consœur/confrère après 10 ans de pratique clinique souhaite se lancer dans la recherche, que lui conseillerez-vous? Sans master en poche, peut-on mettre "un pied" dans la recherche, si oui comment?
Dans ma discipline qui intègre la recherche sur les services de santé, une façon simple de s’inscrire dans une démarche de recherche est de construire des démarches d’évaluations des pratiques professionnelles. Il est ainsi relativement aisé de recueillir des indicateurs tels que le taux d’épisiotomie ou d’hémorragie dans sa maternité. La Haute Autorité de Santé a édité des guides simples et en français pour aider les professionnels à définir, recueillir et analyser ce type d’indicateurs.
Une autre façon de se lancer et de postuler à un poste d’attaché de recherche clinique. Il est toujours très intéressant pour des investigateurs-coordonnateurs de recruter des cliniciens-iennes pour recueillir des informations dans des dossiers médicaux. En effet, une sage-femme connaît les pratiques de ses consœurs, leurs abréviations… La qualité du travail est souvent excellente.
Que diriez-vous à une sage-femme qui hésite à sauter le pas?
Je lui conseillerai d’abord de réfléchir à son plan de carrière. Où se voit-elle dans 10 ans ? Quelles sont ses appétences en science (épidémiologie, sociologie, psychologie …) ? Quels sont ses motivations et ses regrets ?
Ensuite, elle peut rentrer en contact avec des sages-femmes qui ont eu un parcours semblable. La Commission scientifique du CNSF peut assurer ce lien. Il suffit d’envoyer un e-mail à contact@cnsf.asso.fr