Fini les tabous sur le post-partum, les femmes ont besoin de prendre soin d’elles après l’accouchement et la société tout entière se doit de mieux comprendre cette période. Julia Simon, naturopathe et autrice nous parle de l’après accouchement à travers son dernier ouvrage « Le quatrième trimestre au naturel ».
Pourquoi avoir consacré un ouvrage sur le post-partum ?
Quand je suis devenue maman pour la toute première fois, la maternité m’a plongée dans un monde nouveau. Un monde où j’avais l’impression de ne plus savoir qui j’étais, mais surtout un monde où je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. J’étais prête pour mon accouchement comme une championne olympique, mais je n’avais pas du tout envisagé la suite. L’accouchement était le but à atteindre, pas le post-partum.
J’ai vraiment eu la sensation qu’il y avait un tabou autour de ce sujet. Qu’on devait toutes prétendre qu’on allait bien et que ce n’était pas si compliqué que cela !
Quand j’ai suivi mes formations en naturopathie et en énergétique traditionnelle chinoise, je me suis rendu compte qu’il y avait de nombreuses solutions à proposer aux mères… et quand j’ai commencé à accompagner des femmes dans mon cabinet, je me suis vite rendu compte que nous traversions toutes des choses similaires : la fatigue, la culpabilité, la sensation de ne pas être « assez », la difficulté à retrouver son corps, à retrouver un équilibre dans notre couple.
Ce sont pour toutes ces raisons que j’ai voulu écrire ce livre : partager avec les femmes tout ce que j’avais pu apprendre, comprendre et partager dans mon cabinet et qui pourraient les aider à récupérer physiquement et émotionnellement pendant leur post-partum.
Quels sont les objectifs de ce travail ? Quels messages souhaitez-vous faire passer à travers votre ouvrage ?
Mes objectifs sont clairement de proposer des recommandations efficaces, simples et bienveillantes qui respectent chaque future ou jeune maman qui lit ce livre. Les femmes n’ont pas besoin d’injonctions supplémentaires, mais surtout veulent se sentir épaulées. C’est la manière dont j’ai écrit ce livre.
J’ai donc voulu aborder mon travail en traitant la jeune maman dans sa globalité :
_ avec son corps : avec des recommandations autour de l’alimentation, des conseils naturels pour se sentir soulagée des différents maux qui arrivent en post-partum (même si bien heureusement elles ne les cumulent pas tous), des respirations, une meilleure compréhension du périnée, etc.
_ avec ses émotions : avec des propositions de plantes (huiles essentielles, élixirs ) qui soutiennent divinement bien les femmes pendant ces montagnes russes émotionnelles, techniques de CNV ou coaching pour une communication sereine avec leurs partenaires
_ avec son bien-être mental : j’y parle de charge mentale, de l’importance de la tribu, d’apprendre à demander de l’aide
_ avec toute sa sphère énergétique : notamment en expliquant les principes de l’acupuncture traditionnelle
_ en incluant davantage son partenaire dans la nouvelle édition (sortie en janvier 2024) pour qu’ils puissent avancer ensemble dans cette période
Pensez-vous qu'il y a des carences actuellement pour les femmes durant le post-partum (médicales, sociétales,...) ? Avez-vous des messages à faire passer aux professionnels de santé ? Au gouvernement pour faciliter la vie des mères?
Magnifique question ! Honorons tout d’abord que des changements sont en cours depuis ces dernières années pour soutenir les jeunes mamans pendant leur post-partum.
Je pense notamment à la mise en place de l’entretien postnatal précoce qui a été mis en place en 2022 et également de la séance postnatale individuelle ou en groupe dont peuvent bénéficier les jeunes mamans. Ces rendez-vous manquaient terriblement et je suis persuadée qu’en ayant créé un lien privilégié avec leur sage-femme pendant la grossesse et/ou pendant le PRADO, les jeunes mamans vont pouvoir bénéficier d’un suivi à plus long terme pour ces premières semaines, clés dans leur vie de femme et de mère.En théorie, c’est une amélioration pour la prise en charge des patientes. En pratique, j’envoie tout mon soutien aux sages-femmes, car cela se rajoute à leurs emplois du temps déjà bien chargés…
Est-ce que ces deux rendez-vous (maximum) pour des mères en bonne santé sont suffisants pour leur permettre de professer tout ce qu’elles traversent dans ces premières semaines, que ce soit sur le plan physique, émotionnel ou identitaire ? Je ne le pense pas.
La grande problématique sociétale que l’on rencontre est structurelle.
On sait que cette période confronte les jeunes mères à une grande solitude et à de l’isolement créés par notre société individualiste. Leurs familles habitent souvent loin et/ou ne sont pas disponibles. Leurs partenaires retournent travailler au bout de quelques semaines … Les femmes ne sont pas sensées vivre cette période toutes seules. Le lien est ce qui constitue notre humanité et cela devrait être encore plus le cas dans ces grands passages.
En attendant que la revendication (utopiste ?) d’« une femme, une sage-femme » soit entendue et mise en place, il serait profitable pour la femme qu’elle puisse être accompagnée par une Tribu composée d’autres professionnel.les de santé et accompagnant-es qui pourront les accompagner sur du long terme pendant cette période. Je porte la vision d’un accompagnement pluridisciplinaire où tous les professionnels se respecteront et seront au service de la jeune maman.
De plus, dans cette période de grands chamboulements, les jeunes mères ont besoin de se rappeler qu’elles sont des « mères suffisamment bonnes ». Contrairement à l’image véhiculée par la société où elles doivent être parfaites et montrer à quel point elles sont épanouies dans la maternité pour être valorisées, il est temps de se rappeler à quel point la bienveillance, la compréhension et le non-jugement sont essentiels pour ne pas amplifier leur culpabilité.
Enfin, prendre soin des mères pendant le post-partum ne pourra pas être efficace si leurs partenaires n’ont pas leur place et se sentent eux aussi désarmés et désoeuvrés par rapport à leur nouveau statut. Il est urgent de créer des espaces où ils se sentiront eux aussi accueillis pour échanger sur leurs difficultés.
Prendre soin des mères pendant le post-partum est un sujet sociétal global qui va bien au-delà des 14 semaines post-accouchement.