Depuis quelques mois déjà, des maternités peinent à recruter des sages-femmes. Mais la pénurie se généralise si bien que le Conseil national de L’Ordre des sages-femmes appelle les pouvoirs publics à réagir.
La crise sanitaire a-t-elle été cette de goutte de trop pour faire déborder le vase déjà rempli d’épuisement, de démotivation liée au mépris qui colle à la profession ?
L’été 2021 sera « chaud » pour accompagner les mères avec des effectifs réduits de sages-femmes. Il n’y a même pas assez de nouveaux diplômés pour prendre le relais. Il faut croire qu’ils préfèrent changer d’orientation ou débuter d’emblée par une activité libérale. On ne peut leur en vouloir, enchainer les cdd avec d’anciennes grilles salariales et avec un rythme de gardes effréné ne fait pas rêver. Aussi, la déception a gagné celles et ceux déjà en poste, comme le souligne le CNOSF dans un communiqué de presse « les accords du Ségur ne leur a apporté ni reconnaissance, ni évolution notable, [ils] sont lassées de leurs conditions d’exercice et des promesses non tenues ».
Les problématiques des conditions de travail des sages-femmes étaient connues bien avant l’épidémie de COVID 19 ; Un rapport de 2019 du CNSF dévoilait qu'une sage-femme sur 5 souffrait dépuisement émotionnel et une enquête du CNOSF pointait que 96% des sages-femmes estimaient que la profession n'était pas valorisée. L’ignorance de ces difficultés a gangréné les professionnels médicaux pourtant ils sont des acteurs primordiaux dans les enjeux de périnatalité.
Aujourd’hui, ce sont les mères et les nouveau-nés qui vont en pâtir. Leur santé est en danger et c’est une véritable régression du système périnatal français, déjà fragile par ailleurs. A l’heure où l’on promeut la période des 1000 jours, les accouchements physiologiques, la multiplication des maisons de naissance, le manque de considération de la profession qui a conduit à cette situation est une véritable aberration.
Sans réaction des pouvoirs publics, la situation s’aggravera, les sages-femmes laisseront tomber le « plus beau métier du monde ». Les maternités seront désertées.
Il est temps d’agir ou ceci annonce le tournant historique de la fin de la profession.
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