Le 3 juin dernier, le Collège National des Sages-Femmes de France a dévoilé le 1er volet de son rapport sur l’évaluation de la santé au travail des sages-femmes en France et les résultats sont inquiétants.
L’étude initiée en octobre 2019 est la première de cette envergure à aborder la santé des sages-femmes au travail. Avec 2767 réponses exploitables, elle a inclus 12% des sages-femmes françaises, comprenant celles des sages-femmes salariées, sages-femmes libérales, les enseignantes ainsi que les coordinatrices.
Une profession en burnout
En France, le nombre de sages-femmes en burnout est loin d’être anecdotique. En effet, les plus concernées sont les sages-femmes coordinatrices avec 65,7%, suivent les sages-femmes salariées avec 42,3%, les enseignantes avec 37,5% puis les libérales avec 31%. Pour rappel, le burnout est caractérisé le plus souvent par 3 dimensions : un épuisement émotionnel, la dépersonnalisation et l’accomplissement personnel (effets démotivants d’une situation difficile, répétitive, conduisant à l’échec malgré les efforts).
La gravité du burnout a aussi été évaluée et ce sont encore les sages-femmes coordinatrices les plus touchées par le burnout sévère (les 3 dimensions touchées) avec 12,7%, puis les sages-femmes salariées avec 4,4%. Par contre l’exercice libéral semble, selon cette étude, préserver les sages-femmes, puisque le taux de burnout sévère est de 1%.
Heures supplémentaires pour la plupart ni payées ni récupérées
La profession est très prenante si bien que plus de la moitié des sages-femmes travaillent souvent en heures supplémentaires, voire très souvent. Lorsqu’on regarde de plus près, ces heures ne sont ni payées, ni récupérées pour plus de 21% des sages-femmes salariées et pour plus de 60% des sages-femmes coordinatrices et des enseignantes.
Soutien des organisations professionnelles
Face à ce mal-être, les sages-femmes ont été également interrogées sur leur perception du soutien qu’elles reçoivent des organisations professionnelles. Si 53% des sages-femmes libérales se sentent soutenues, c’est le cas de moins de 35% des sages-femmes salariées, coordinatrices et enseignantes.
Ce rapport confirme bien le mal-être dont souffre les sages-femmes. La direction de l'Animation de la recherche, des Études et des Statistique (Dares) avait déjà mis en évidence en 2016 que la profession de sage-femme figurait dans les professions les moins favorables au bien-être psychologique. Devant les résultats de cet état des lieux, des solutions concrètes s’imposent car n’oublions pas que si les sages-femmes, acteurs indispensables de la périnatalité, sont en souffrance, la prise en charge des femmes peut en pâtir.
Source :
Rapport sur l’évaluation de la santé au travail des sages-femmes en France Volet 1 - Enquête quantitative Juin 2020 - CNSF