Le 22 novembre dernier, Parole de Sages-Femmes a assisté à la remise des Bourses de Maïeutique par la Fondation Mustela, en partenariat avec le Collège National des Sages-Femmes. Chaque année, deux sages-femmes se voient décerner une dotation totale de 10 000 euros pour mener leur projet de rechercher universitaire en santé périnatale. Nous avons rencontré une des sages-femmes récompensées, Caroline Matteo.
Quel est votre parcours jusqu'à ce jour?
Je suis diplômée de 2007 de l'école de sages-femmes de Marseille. J'ai ensuite poursuivi mes études par un master en santé publique à l'université de Glasgow Caledonian, en Ecosse. Puis, j'ai exercé comme sage-femme hospitalière pendant près de 10 ans, en tant que vacataire. En parallèle, je me suis investie dans l'action humanitaire au sein de l'association Humaïa. Depuis 2015, j'exerce en tant que sage-femme libérale dans le Vaucluse.
Pourquoi vous êtes-vous lancée dans la recherche?
Depuis le début, bien que passionnée par mon métier de sage-femme, j'avais en tête d'élargir mes connaissances, et la recherche est une suite logique de mon parcours. Plus récemment, l'envie d'enseigner la maïeutique à plus ou moins long terme m'a conduit à envisager un parcours de thèse. Le choix s'est porté sur une université britannique car j'ai pu intégrer un parcours de doctorat spécialement conçu pour les professionnels, ce qui me permet de poursuivre mon activité clinique, que j’estime indissociable de la recherche.
Qu'est-ce que cela vous a apporté ?
L'activité de recherche m'a apporté un regard différent sur la pratique, grâce aux échanges avec d'autres professionnels (non sages-femmes notamment), la lecture assidue de littérature médicale, et le développement de mon esprit critique. Réciproquement, la pratique éclaire mes recherches. Chaque jour au cabinet, des patientes évoquent des sujets qui mériteraient d'être explorés. L'objectif de la recherche étant de faire progresser la pratique, il est important de relier les deux et non de les scinder.
Quels sont vos champs d'investigation ?
Au cours de mes études, j'ai pu explorer des sujets variés: information des patientes sur les risques de l'alcool pendant la grossesse, pour mon mémoire de sage-femme, et la prise en charge des mutilations génitales féminines pour mon travail de master. Bien qu'étant des sujets très différents, les deux ont exploré le rôle spécifique de la sage-femme dans l'accompagnement des patientes. C'est un aspect de la recherche qui est peu développé en France à l'heure actuelle, et il me tient à cœur de faire valoir ce qu'une sage-femme apporte de différent et d'unique par rapport aux autres professions en périnatalité.
Quel est le projet que vous avez présenté à la Fondation Mustela pour obtenir une Bourse Maïeutique ?
Dans le cadre de mon doctorat, je vais réaliser une étude concernant les déterminants de la douleur périnéale postpartum en l'absence de lésion vaginale. Ce sujet est important car il concerne une majorité de patientes (90% de patientes rapportent une douleur périnéale en postpartum), et les conséquences de la douleur périnéale sur la santé physique et mentale sont multiples.
L'étude devrait permettre d'améliorer la prise en charge, notamment préventive, par une meilleure compréhension de ce qui se joue autour de la douleur et du périnée en postpartum. Toutes les sages-femmes sont confrontées à ce sujet, quel que soit leur mode d'exercice, et elles sont aux premières loges de la prévention, du dépistage, et du traitement de cette douleur, de par leurs compétences médicales, associées à la relation privilégiée qu'elles tissent avec leurs patientes. J'ai présenté le projet à la fondation Mustela qui, en partenariat avec le CNSF, a bien voulu m'accorder une des deux bourses de recherche en maïeutique en vue de sa réalisation.