L’étude intitulée "Perturbateurs Endocriniens : Étude Longitudinale sur les Anomalies de la Grossesse, l’Infertilité et l’Enfance" (PÉLAGIE ) a été mise en place pour répondre aux préoccupations de santé, en particulier celle des enfants, dues à la présence de composés toxiques dans nos environnements quotidiens.
Il s’agit d’un suivi d’environ 3.500 mères-enfants réalisé en Bretagne depuis 2002.Les derniers résultats, issus de cette étude, portent sur l'exposition des femmes enceintes aux polluants neurotoxiques, sur l'impact de cette exposition sur la santé des enfants et sur le fait que les polluants organiques persistants seraient potentiellement responsables d’un allongement du délai nécessaire à concevoir une grossesse.
Polluants neurotoxiques : une exposition régulière
Les solvants sont des substances ayant la propriété de dissoudre, de diluer ou d'extraire d'autres substances. Ils sont donc présents dans de nombreux produits, comme les peintures, les vernis, les produits d’entretien mais aussi les cosmétiques. Environ 30 % des femmes de l’étude PÉLAGIE ont déclaré avoir une exposition régulière pendant la grossesse sur leur lieu de travail à des produits contenant des solvants. Il s’agit principalement des métiers du secteur de la santé (infirmières, aides-soignantes, sages-femmes), de l’entretien (femmes de ménage), des employées de laboratoire ou encore les métiers de la coiffure/esthétique. Les insecticides organophosphorés (ou leurs formes dégradées), majoritairement utilisés en agriculture, ont pour leur part été retrouvés dans plus de 90 % des échantillons urinaires des femmes enceintes de l’étude.
Polluants neurotoxiques : impact sur la santé des enfants
Les résultats de l’étude indiquent que l’exposition professionnelle aux solvants des mères pendant la grossesse était associée à un comportement non optimal de l’enfant à l'âge de 2 ans, avec plus de troubles de l’attention et d’agressivité.
Insecticide et fertilité
Malgré l’interdiction de leur utilisation depuis plusieurs décennies en Europe, les insecticides organochlorés (le DDT par exemple) et les polychlorobiphényles (PCB) sont encore présents dans notre environnement. Ces polluants, appelés POP, sont dits persistants, se dégradent lentement dans l’environnement et peuvent s’accumuler dans les organismes vivants. La population générale est majoritairement exposée à ces polluants par l’alimentation, en particulier par la consommation de produit de la mer, de viande, d’œufs et de produits laitiers. Compte-tenu de la toxicité de certains POP sur la fonction de reproduction chez l’animal, des préoccupations sur les conséquences possibles sur la fertilité humaine ont été émises. Ainsi, près de 400 prélèvements de sang de cordon ombilical ont été analysés dans l’étude PÉLAGIE. 81 % d’entre eux ont révélé la présence de pp’DDE (produit de dégradation du DDT) et la présence de PCB a été observée pour 100 % de ces échantillons. Par ailleurs, le délai nécessaire à concevoir une grossesse a été calculé pour toutes les femmes de l’étude qui avaient volontairement arrêté leur contraception pour être enceinte. Pour la moitié d'entre elles, ce délai a été de plus de 3 mois. Les principaux facteurs associés à l'allongement de ce délai étant le fait qu’il s’agissait du premier enfant, le surpoids de la femme et le fait que le couple fumait. Cependant, les résultats de l’étude PÉLAGIE ont également montré qu’une augmentation des concentrations sanguines de POP, notamment de PCB, était associée à un allongement du délai nécessaire pour concevoir une grossesse. Les chercheurs ont ainsi observé deux fois moins de chances de concevoir (lors d’un cycle menstruel donné) lorsque les concentrations du PCB étaient supérieures à 0,14 µg/L que lorsque qu’elles étaient inférieures à 0,09 µg/L. Selon les chercheurs, le rôle possible des PCB à ces niveaux de contamination environnementale résiduelle sur le délai pour concevoir une grossesse est encore controversé. D’autres études sont donc nécessaires pour confirmer ou non les résultats de l’étude PÉLAGIE.
Plus d'infos. : www.pelagie-inserm.fr