La première édition du congrès Endom’Aix a réuni des experts ce 17 mars 2018 autour d’une pathologie qui touche 1 femme sur 10 : l’endométriose.
Les connaissances scientifiques ont évolué au cours des 10 dernières années sur l’endométriose, néanmoins cette pathologie nous cache encore de nombreuses faces d’ombre. Pour la physiopathologie, plusieurs théories émergent dont la plus connue, celle du reflux rétrograde. Mais si ce reflux existe chez 90% des femmes, pourquoi pour 10% à 15% d’entre-elles, causera-t-il des douleurs et de l’infertilité ?
Des pistes épigénétiques
La migration ectopique du tissu endométrial et son développement pourraient résulter de probables interactions entre facteurs génétiques et environnementaux. Des études retrouvent chez les femmes atteintes d’endométriose des gênes exprimés de façon aberrante qui influenceraient la survie des cellules endométriales, leur invasion, les facteurs de l’inflammation, les facteurs hormonaux, les facteurs immunitaires, les facteurs pro-angiogéniques et les facteurs de croissance.
La dérégulation des gênes, retrouvée dans les cellules endométriosiques, serait responsable également d’une décidualisation insuffisante.
Dans ces dérégulations amenant un déséquilibre entre œstrogènes et progestérones, nous ne savons pas à ce jour s’il s’agit d’une des causes ou des conséquences de la pathologie.
Et si la contamination débutait in utéro ?
L’environnement a évolué, et les femmes nées après-guerre « sont exposées aux perturbateurs endocriniens, se nourrissent de produits industriels transformés, ont des modes de vie plus sédentaires, ce qui a un impact sur leur santé. » (André Cicolella, chimiste toxicologue). En moins de 100 ans la production de produits chimiques est passée de 1 à 500 millions de tonnes par an. Mais où débute cette contamination ?
Les données actuelles montrent que la période de la grossesse et de la petite enfance sont les périodes les plus sensibles. Les expositions auxquelles sont confrontés les bébés conditionnent la santé du futur adulte. Une étude a retrouvé la présence de 287 produits chimiques dans le sang du cordon et 47 chez la femme enceinte.
Les perturbateurs endocriniens agissent sur les récepteurs hormonaux et modifient le patrimoine génétique et l’expression des gènes et leurs effets sont transgénérationnels. Les pathologies influencées par ces polluants peuvent apparaître des décennies plus tard (cancer du sein, endométriose, trouble de la fertilité) alors que certaines d’entre-elles trouvent même leur origine dans la vie intra-utérine. Une équipe de recherche a montré en 2012 la présence d’endométriose chez des fœtus féminins, une autre, la présence d’adénomyose entre 19 et 37 semaines de gestation.
Ce n’est pas un polluant mais l’effet cocktail qui est mis en cause. Evoquer cette problématique de contamination durant les périodes les plus critiques comme la grossesse et l’allaitement semble essentiel.
Avec les communications de Pr Fauque et Dr Alvarez. Journée Endom'Aix- La douleur dans l'endométriose- 17 mars 2018.