Difficultés liées à la crise Covid-19, déceptions des conclusions du Ségur de la santé, à l’instar des sages-femmes, les étudiants sages-femmes n’ont pas été épargnés. Explications avec Fanny Toussaint présidente de l'Association Nationale des Etudiant.e.s Sages-Femmes.
Comment les étudiants ont vécu la crise COVID19 ? Quelles ont été leurs difficultés ?
Cette crise sanitaire a été à l'origine de beaucoup de stress pour les étudiant.e.s sages-femmes. En effet, il y a eu beaucoup d'inconnues et les informations arrivaient au compte-goutte, la communication avec leurs équipes pédagogiques semblait parfois compliquée.
Nous avons dû, en tant qu'association représentative des étudiant.e.s sages-femmes, faire entendre notre voix au sein du ministère afin de ne pas être oublié.e.s en ce qui concerne les primes, la dotation en masques… Nous avons également informé les étudiant.e.s sage-femme à chaque étape de la crise.
Au milieu de cette panique générale les droits des étudiants ont été bafoués, quels types de cas vous ont-ils été rapportés ?
Le nombre de cas de défense des droits que nous avons reçus a drastiquement augmenté :
Des étudiant.e.s sage-femmes ayant contracté la maladie Covid19 ont dû suspendre leurs stages et se voient, dans certains établissements, dans l'obligation de rattraper ces stages sur leur période de vacances estivales, contrairement aux recommandations du Ministère et aux autres étudiant.e.s en santé.
Tous.tes les étudiant.e.s sages-femmes n'ont pas reçu la prime covid alors qu'elles.ils en étaient bénéficiaires d'après les textes de loi
De nombreux.ses étudiant.e.s sages-femmes ont dû laver leur tenues souillées chez elles.eux car nos tenues ne sont, dans la plupart des cas, pas fournies par les CHU. Ce qui est inacceptable et d'autant plus dans un contexte de crise sanitaire.
Les conclusions du Ségur de la santé ont été décevantes pour les sages-femmes, que déplorez-vous pour les étudiants ?
De manière générale, le Ségur de la santé promettait une refonte du système de santé. Les mesures prises sont très loin d'être ambitieuses.
Concernant notre formation, nous avons seulement obtenu une revalorisation des rémunérations en stage à hauteur de 260€ bruts en DFASMa1 et 320€ bruts en DFASMa2. C'est une victoire, bien que ces montants restent inférieurs aux 3,90€ de l'heure, montant minimal de la rémunération d'un.e stagiaire dans l’enseignement supérieur, initialement demandé par nos fédérations. Cette revalorisation concerne les étudiant.e.s hospitalier.e.s.
Concernant notre profession, une revalorisation de 183€ supplémentaires a été annoncée pour les sages-femmes, profession médicale, 5 ans d'études, travaillant les nuits et les week-ends, et passant par la première année commune aux études de santé, c'est-à-dire moins qu’un.e infirmièr.e à l’hôpital (+218€/mois), qu’un.e médecin.e (+256€/mois), qu'un.e interne (+265€/mois), qu’un.e aide-soignant.e en EHPAD (+218€/mois). C'est absolument scandaleux et tous.tes les sages-femmes de France sont actuellement révolté.e.s. Aucune autre mesure concrète n'a été prise.
Aujourd'hui quelles sont vos actions à venir? Et vos propositions ?
Aujourd'hui, nous continuons à porter nos positions auprès du ministère, et nous allons prendre des rendez-vous avec de nombreux députés afin de nous faire entendre.
Nous revendiquons un statut de maître de stage pour les sages-femmes, la bi-appartenance à l’instar des médecin.e.s, chirurgien.ne.s-dentistes, pharmacien.ne.s, la revue des décrets de périnatalité, le passage de notre statut de sages-femmes des hôpitaux à praticien.ne.s hospitalier.e.s,…Nous luttons afin d'avoir une reconnaissance adéquate.