Le risque de syndrome de choc toxique existe quel que soit le type de protection périodique interne. C’est pourquoi l’Anses confirme, suite à une évaluation, de renforcer les informations destinées aux professionnels et aux femmes sur l’usage de ces dispositifs.
Des femmes ont fait les frais du syndrome du choc toxique, amputation des membres comme en témoigne le cas récent de Sandrine 36 ans, ou même issue mortelle pour l’adolescente belge âgée de 17 ans en début janvier 2020. Tampons ou cups, ces protections périodiques internes sont pointées du doigt pour ne donner que sur la notice des informations d’utilisation succinctes voire contradictoires. Selon les marques, les délais entre la pose de la cup et son retrait peut s’étendre entre 4 et 12 heures et l'information sur le risque de syndrome du choc toxique n'est pas mentionnée.
Pour plus de clarté sur les notices et les emballages des tampons et des cups
C’est pour pallier à ce manquement que l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) recommande aux fabricants de clarifier les explications quant à l’usage des protections incriminées.
L’Anses a complété son évaluation de 2018 sur la sécurité des protections intimes. Le rapport fait état de la présence de substances chimiques dans les cups et les tampons mais en deçà des seuils sanitaires.
Il n’y aurait pas de lien direct entre l’augmentation du syndrome du choc toxique et les propriétés physico-chimiques des 2 dispositifs. Pour l’Agence, « le risque de développer ce syndrome causé par une toxine bactérienne est lié aux conditions d’utilisation de toutes les formes de protections périodiques internes ». Par ailleurs, l’Anses recommande aux fabricants d'améliorer la qualité des matières premièrers pour réduire voire éliminer les substances chimiques dans les protections internes et demande des préconisations d’utilisation plus claires sur les notices et les emballages.
Comment prévenir le syndrome du choc toxique
La maladie infectieuse d’origine bactérienne est rare mais aigüe. Elle est liée au staphylocoque doré dont le portage n’est normalement pas dangereux. Mais lorsque la bactérie est « piégée » dans le vagin de façon prolongée à cause d’un tampon ou d’une cup, elle secrète une toxine nocive qui passe dans la circulation sanguine. Elle est un superantigène provoquant une cascade inflammatoire systémique, favorisée par l’absence ou une quantité insuffisante d’anticorps anti-TSST-1. Elle atteint divers organes et provoque alors un choc toxique.
Compte tenu de la gravité du syndrome, il est nécessaire de rappeler aux femmes comment utiliser les tampons, et les cups plus nouvelles sur le marché (Recommandations aux jeunes filles pour prévenir le choc toxique staphylococcique menstruel (CTS) – BEH 2018) :
Evitez d’utiliser des tampons si vous avez déjà reçu un diagnostic de CTS
Lavez-vous les mains au savon avant d’insérer ou de retirer un tampon, une coupe menstruelle
Changez de tampon toutes les 4 à 8 heures et évitez d’en porter la nuit : n’utilisez un tampon que pendant une partie de la journée en alternant l’utilisation des tampons et des serviettes hygiéniques. Utilisez, par exemple, des serviettes la nuit et des tampons le jour
N’oubliez pas d’enlever le tampon
Attendez le début de vos règles avant d’utiliser un tampon. Évitez d’utiliser un tampon par mesure de précaution lorsque vous vous attendez à être menstruée d’une journée à l’autre ou pour absorber d’autres types de pertes
Utilisez des tampons ayant un pouvoir absorbant minimal nécessaire pour répondre à vos besoins personnels. Le risque de contracter un CTS est plus élevé avec des tampons très absorbants
En cas de suspicion du syndrome du choc toxique
Le choc toxique staphylococcique menstruel est rare mais nécessite une prise en charge rapide. Le clinicien doit l’évoquer chez les jeunes femmes, sans antécédents particuliers, présentant un syndrome de choc en période menstruelle, et particulièrement lorsqu’elle utilise des tampons ou des coupes menstruelles.
Il existe des recommandations à destination des professionnels en cas de suspicion du syndrome du choc toxique (Choc toxique staphylococcique menstruel (CTS) , recommandations aux cliniciens -BEH 2018):
Retirer rapidement le tampon hygiénique et l’envoyer au laboratoire pour analyses bactériologiques
Confirmer l’étiologie et mettre en évidence une souche de staphylocoque par : une analyse bactériologique du tampon lui-même, un prélèvement vaginal réalisé de façon précoce et si possible avant la mise sous antibiotique
Si une souche est identifiée, la transmettre au Centre national de référence pour rechercher la toxine
Evaluer le risque de récidive par une recherche d’anticorps sériques dirigés contre la TSST-1 (souche de Staphylococcus aureus productrice de la toxine du choc toxique staphylococcique).
La persistance de l’absence d’anticorps est associée à un risque accru de récidive impliquant d’éviter l’utilisation de tampons vaginaux
Références :
Anses - Coupes menstruelles et tampons : l'Anses publie les résultats de son évaluation complémentaire - 20.01.2020
Sécurité de produits de protection intime -Anses - Edition scientifique 2019
Signalement des cas groupés de syndromes de choc staphylococcique d'origine menstruelle, Pays de la Loire 2013 et 2016 - BEH - 23 janvier 2018