Vaginal, intestinal ou même mammaire, le microbiote attire de plus en plus la curiosité des scientifiques. Pour cause, déséquilibré, il peut générer des maladies. Dans une étude du Lancet Oncology, une équipe a cherché à déterminer si les femmes atteintes d’un cancer de l’ovaire ou susceptibles d’en développer présentaient une dysbiose vaginale.
Le microbiote vaginal est constitué de 100 millions à 1 milliard de micro-organismes. Cet écosystème est représenté à 95% par des lactobacilles (flore de Doderlain) mais aussi par 5 à 10 espèces de bactéries anaérobies pathogènes. Lorsque la « cohabitation » de ces micro-organismes est équilibrée, elle assure une protection des infections, dans le cas inverse, des maladies peuvent apparaître. Si l’on sait déjà que des facteurs génétiques influent sur l’apparition d’un cancer, et notamment le cancer de l’ovaire, Qu’en est-il du rôle du microbiote ?
Pour découvrir s’il existait une association, une équipe de chercheurs a mené une étude cas-témoins sur des femmes âgées de 18 à 87 ans. Ils ont suivi 176 femmes atteintes d’un cancer épithélial de l’ovaire, 109 femmes porteuses du gène BRCA1 sans avoir développé la maladie et les témoins, 295 femmes non porteuses des gènes BRCA1 et BRCA2.
Des échantillons cervico-vaginaux de toutes les participantes ont été analysés. Les chercheurs ont alors observé que les femmes âgées de moins de 50 ans, atteintes d’un cancer de l’ovaire et celles porteuses du gène BRCA1 étaient plus susceptibles de présenter une flore vaginale constituée de moins de 50% de lactobacilles comparativement aux témoins du même âge.
L’observation de cette association entre dysbiose et cancer de l’ovaire et présence du gène BRCA1 offre des perspectives intéressantes pour de futures recherches. Si les lactobacilles préviennent de l’apparition du cancer de l’ovaire, quel est leur mécanisme d’action ? L’administration de probiotiques réduirait-elle le risque ? Autant de questions dont les réponses pourraient peut-être apporter des éléments de prévention pour cette maladie causant chaque année en France 3150 décès.
Sources:
Association between the cervicovaginal microbiome, BRCA1 mutation status, and risk of ovarian cancer: a case-control study - doi.org/10.1016/S1470-2045(19)30340-7
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