L’administration d’antibiotiques à la mère, pendant le travail, en cas de portage du streptocoque B, prévient le risque d’infections chez l’enfant. Mais qu’en est-il de son microbiote ?
Dans les premiers résultats de l’étude Baby & Mi, des chercheurs de l’université de McMaster, mettent en lien l’administration prophylactique per partale d’antibiotiques contre le streptocoque B et le retard de maturation du microbiote intestinal chez le nourrisson.
La méthode de l'étude Baby & Mi
Une cohorte prospective longitudinale de 74 paires mère-enfant a été recrutée dans les cabinets de sages-femmes en Ontario, au Canada, pour inclure les nourrissons à terme et dont les mères présentaient une grossesse à faible risque. Les chercheurs ont comparé l'évolution bactérienne chez les nourrissons nés par voie vaginale, sans exposition aux antibiotiques (n = 53), et exposés à l'antibioprophylaxie contre le streptocoque B (n = 14) et ceux nés par césarienne (n=7). Tous les bébés ont été allaités au moins partiellement. Ils ont évalué alors le développement des bactéries à 3 jours,10 jours, 6 semaines et 12 semaines.
Les antibiotiques retardent la maturation du microbiote
Avec une méthode de séquençage des marqueurs bactériens dans les selles des nourrissons, ils ont observé :
Un retard dans l'expansion de Bifidobacterium au cours des 12 premières semaines et une persistance d'Escherichia lorsque l’antibioprophylaxie a été administrée pendant le travail.
Aucune différence entre le microbiote d’un bébé né par césarienne et celui d’un bébé né par voie vaginale avec antibiotiques pendant le travail, malgré l’exposition à des antibiotiques différents (Penicilline pour la prévention de la transmission du streptocoque B et Cefazoline pour la prévention de l’infection lors d’une césarienne)
La colonisation intestinale est altérée à la suite d’une césarienne
Les déséquilibres du microbiote persistent plus quand l’exposition au traitement antibiotique a été plus importante
A 12 semaines, la plupart bébés présentent les mêmes bactèries mais...
Même si à 12 semaines, les communautés bactériennes étaient similaires chez la plupart des enfants nés par voie basse exposés ou non aux antibiotiques, les auteurs émettent que ces déséquilibres précoces interviennent à une période importante du développement du microbiote gastro-intestinal de l’enfant. Une étude plus vaste est en cours, afin de déterminer les conséquences à long terme des antibiotiques sur l’évolution microbienne, sur la santé de l'hôte et le risque de maladie ultérieur. Ce qui permettra de connaître davantage l'influence des variables maternelles sur le microbiote intestinal du nourrisson.
Et peut-être proposeront-ils des solutions pour prévenir les infections chez le nourrisson en minimisant l’impact délétère sur son microbiote intestinal ! Car n’oublions pas que celui-ci est essentiel pour les processus métaboliques, nutritionnels, physiologiques et immunologiques et qu'il influe sur sa santé.