Et si la santé de nos bébés se construisait bien avant la première tétée, jusque dans les champs ? C'est le pari qu'a relevé la démarche Bleu-Blanc-Cœur en menant une étude inédite sur l'impact de la qualité des aliments consommés par les mères sur la composition du lait maternel. Une recherche qui éclaire sous un angle nouveau le rôle des professionnels de santé, et notamment des sages-femmes, dans l'accompagnement nutritionnel des femmes enceintes et allaitantes.
Une question cruciale : que mangeons-nous vraiment ?
Depuis 20 ans, la démarche Bleu-Blanc-Cœur milite pour une alimentation plus vertueuse, alliant santé publique, bien-être animal et préservation de l'environnement. L'enjeu est majeur : face à l'explosion des maladies chroniques, aux déséquilibres nutritionnels et à l'appauvrissement de la qualité des aliments, il devient urgent de repenser la façon dont nous produisons et consommons.
C'est précisément cette question que l'étude « Allaitement », menée en collaboration avec le CHU de Rennes, l'INRAE, l'INSERM et le CNRS, a tenté d'explorer : l'origine et le mode de production des aliments peuvent-ils réellement influencer sur la qualité du lait maternel ?
Un protocole rigoureux, un résultat sans appel
Près de 60 femmes enceintes ont été recrutées pour participer à cette étude, bénéficiant soit d'une alimentation standard, soit d'une alimentation issue de la filière Bleu-Blanc-Cœur, sans changer ni les menus, ni les apports caloriques. La seule variable était l'origine des produits : viande, œufs, produits laitiers et céréales provenaient de filières respectueuses de la santé des sols et de la nutrition animale.
Les résultats sont frappants : +75% d'acide alpha-linolénique (précurseur des Oméga 3) et +52% d'Oméga 3 dans le lait des mères du groupe Bleu-Blanc-Cœur. Mais l'étude va plus loin : elle montre également une meilleure qualité immunologique du lait (plus d'immunoglobulines, hormones et oligosaccharides spécifiques) ainsi qu'une diversité microbienne plus riche dans le microbiote intestinal des nouveau-nés.
Pourquoi cela concerne directement les sages-femmes ?
Ces résultats renforcent l'idée que l'accompagnement des femmes autour de la nutrition pendant la grossesse et l'allaitement ne se limite pas à l'équilibre alimentaire classique. La qualité des produits, souvent résumée aux recommandations d'origine biologique ou locale, mérite d'intégrer une réflexion plus globale, en lien avec la filière agroalimentaire et les modes de production.
Les sages-femmes, au cœur du suivi périnatal, sont des relais essentiels de cette information. L'enjeu est de taille : la composition du lait maternel, longtemps considérée comme immuable, apparaît modifiable selon l'alimentation de la mère. À l'heure où la santé de l'enfant se joue dès la grossesse et pendant les 1000 premiers jours, ces données appellent à sensibiliser les femmes enceintes à la qualité des produits qu'elles consomment.
Du champ à la maternité : un levier de santé publique
En contribuant à mieux nourrir les sols, les animaux, puis les femmes et les enfants, la démarche prouve que l'impact de l'alimentation dépasse la simple assiette. L'approche « One Health » (santé humaine, animale et environnementale) se concrétise ici de façon très tangible.
Pour le Pr Ronan Thibault, chercheur principal de l'étude, « ces travaux ouvrent la voie à de nouvelles recommandations nutritionnelles » et appelle à prolonger les recherches, notamment sur les effets à long terme sur la santé des enfants.