Les conclusions d’une étude montrent qu’en France, les femmes allaitantes prennent peu en compte les recommandations du Programme National Nutrition Santé (PNNS) et les Apports Nutritionnels Conseillés (ANC).
Evaluer les apports nutritionnels des femmes allaitantes
Les auteurs de ce travail ont cherché à évaluer les apports nutritionnels et alimentaires de femmes qui allaitent en France métropolitaine. Ensuite, ils les ont comparés avec les recommandations nutritionnelles françaises.
Deux cent cinquante femmes, âgées de 18 à 49 ans, ont rempli un carnet alimentaire en ligne sur une période de 7 jours, entre septembre et octobre 2014.
Dans cet échantillon, la majorité des femmes avaient entre 25 et 24 ans, avec un bac + 1 ou plus pour 60,2% d’entre elles, 56,9% étaient multipares, l’enfant avec un âge moyen de 5,3 +/- 0,2 mois.
Parmi les nourrissons, 52,9% étaient nourris exclusivement au sein et le nombre moyen de consommations journalières représentait 5,2 actes (tétée avec biberon de lait maternel et tétée exclusivement).
Les habitudes alimentaires
Dans l’échantillon analysé, le rythme alimentaire traditionnel français persiste avec le petit-déjeuner, déjeuner, dîner, auxquels s’ajoutent la collation du matin et le goûter.
En moyenne les femmes allaitantes étudiées, consomment 2056 +/- 51,6 g / jd’aliments et de boissons.
Les liquides
Pour environ 91% des participantes, les apports liquidiens sont de l’eau mais l’apport journalier est de 617,6 +/- 36,5 ml / j, ce qui est inférieur aux recommandations du PNNS avec 1,5L / j . L’enquête met en évidence une part importante de femmes consommant des boissons sucrées (61,2%), et régulièrement dans la semaine, du café (65,3%) et du thé (70,9%)
Les aliments
Dans cet échantillon, 98% des femmes mangent des plats transformés ou avec peu de préparation. Leur apport moyen journalier de 149,8 +/- 7,4g. Elles sont nombreuses à consommer des légumes avec 95,7% (72,5g +/- 3,6g par jour) alors que pour les fruits, elles sont 70,6%.
Celles appliquant la recommandation de consommer 5 fruits et légumes par jour ne représentaient que 11%.
Elles sont 87% à consommer des produits laitiers et 82,5% du fromage, mais seules 17,5% ingèrent 2,5 à 3,5 portions de produits laitiers par jour.
Pour les produits céréaliers, elles sont 77% à consommer moins de 3 portions par jour.
La consommation moyenne de volaille, gibiers, œufs, abats, poissons, crustacés est inférieur à 20g / j alors que celle de viande est de 33,6 +/- 3,9g / j.
La consommation moyenne de matière grasse pour 68,2% des femmes représentait 4,5 +/- 0,4g / j.
L’étude met en évidence « l’existence d’une inadéquation des apports alimentaires et une faible observance des recommandations du PNNS , vis-à-vis des fruits et légumes (11 %), des produits laitiers (18 %) et des produits céréaliers (21 %) ».
Les apports énergétiques et nutritionnels
Une majorité des femmes, 87%, se placent en dessous des recommandations françaises avec un apport énergétique moyen de 1669,2 +/- 32,8 Kcal / j alors que les préconisations sont de 2200 kcal / j.
La plupart des participantes présentent des apports en acides gras essentiels, en deçà des apports nutritionnels conseillés, tout comme les apports en minéraux, comme le calcium, l’iode et le zinc, inférieurs aussi aux recommandations françaises.
Si les apports moyens en magnésium, fer et phosphore sont supérieurs aux ANC, ceux en vitamines B1, B2, B5, B6, B9, A, C, D et E sont également moindres que ceux préconisés.
Des recommandations peu suivies...
Jusque-là peu d’études ont porté sur la nutrition des femmes allaitantes et cette enquête est une première en France. Malgré le mode de recrutement par internet, qui peut induire un biais de sélection et favoriser les femmes avec un plus haut niveau d’étude, on constate que le PNNS et les ANC sont peu suivis par les femmes allaitantes et une inadéquation des apports alimentaires.
On peut donc se poser la question sur les apports nutritionnels des populations les plus précaires...
L’allaitement est une période importante où l’état nutritionnel et l’alimentation de la mère contribuent sur sa santé et celle de son bébé, alors comment agir efficacement pour toucher toutes les populations ?
Source : Hébel P, et al. Consommation alimentaire et apports nutritionnels chez les femmes allaitantes, en France. Cahiers de nutrition et de diététique (2018), https://doi.org/10.1016/j.cnd.2018.02.001