En cas de grossesse physiologique, y a-t-il moins d’interventions avec les sages-femmes ou les obstétriciens ? Une équipe de chercheurs américains a étudié la question.
Aux Etats-Unis, seules 10% de toutes les naissances sont assistées par les sages-femmes. Ce sont donc les obstétriciens qui dispensent des soins à la majorité femmes dont la grossesse est à faible risque. Pourtant, une revue systématique de la Cochrane concluait que les soins dispensés par les sages-femmes donnaient lieu à des accouchements plus physiologiques sans augmenter les complications maternelles et néonatales. À ce jour, il y a peu de données aux Etats-Unis portant sur les soins des sages-femmes. Cette étude publiée dans la revue obstetrics and Gynecology vient donc enrichir la littérature. Elle évalue les soins intrapartum donnés par les sages-femmes à des femmes enceintes américaines à faible risque, en structure hospitalière, en les comparant à ceux dispensés par les obstétriciens.
Plus physiologique et pas plus de complications
Sur les 23 100 naissances incluses dans l’étude de cohorte rétrospective, 16,5% des femmes enceintes à bas risque ont reçu des soins par les sages-femmes et 83,5% par des obstétriciens. Environ 45% des patientes étaient des nullipares dans les 2 groupes. Les différences absolues des caractéristiques des patientes étaient très faibles entre les sages-femmes et les obstétriciens.
Les auteurs ont observé que les naissances des nullipares du groupe sages-femmes étaient moins susceptibles d’être associées à une épisiotomie (58/1 710 [3,8%] vs 483/9 096 [6,7%] RR 0,57; IC 95% 0,43–0,74, à l’utilisation de la péridurale (853/1 458 [58,5%] vs 5 779/7 237 [79,9%] RR 0,73; IC 95% 0,70-0,77), à la rupture artificielle des membranes (477/839 [56,9%] vs 2 800/4 164 [ 67,2%] RR 0,85; IC 95% 0,79–0) comparativement au groupe obstétriciens. Pour les multipares les résultats étaient similaires. Le risque d'accouchement par césarienne était environ un tiers plus faible chez les femmes nullipares et plus de 40% plus faible chez les femmes multipares du groupe des sages-femmes.
La durée totale d'hospitalisation des mères et des nouveau-nés était similaire ou légèrement plus courte dans le groupe des sages-femmes que dans le groupe des obstétriciens. Par contre, dans le groupe sages-femmes, il y avait un risque plus élevé de dystocie des épaules chez les multipares (107/2 106 [5,1%] vs 318/10 188 [3,1%]). Une observation pour laquelle les auteurs rappellent l’importance d’audit clinique.
Par ailleurs, aucune différence statistiquement significative n'a été observée dans les autres résultats pour la mère ou le nouveau-né : hémorragie du post-partum, morbidité maternelle sévère, réanimation néonatale, admission en unité de soins intensifs…
Moins d’intervention pendant le travail et un taux d’accouchements physiologiques plus élevé, voilà des conclusions qui rejoignent celles de la Cochrane.
Alors que les maternités américaines se heurtent à ce jour à un manque de mains d’œuvre et à une augmentation des grossesses à risque, Les soins obstétricaux pourraient être optimisés en généralisant l’offre de soins par les sages-femmes pour les grossesses à bas risque. Ceci permettrait de libérer du temps aux obstétriciens afin de se consacrer à la pathologie…
Références :
Midwife‐led continuity models versus other models of care for childbearing women - doi.org/10.1002/14651858.CD004667.pub5
Comparison of Midwifery and Obstetric Care in Low-Risk Hospital Births - Obstetrics & Gynecology: November 2019 - Volume 134 - Issue 5 - p 1056-1065 doi: 10.1097/AOG.0000000000003521