Que préfèrent les femmes en termes de mode d’accouchement et pourquoi ? Une revue de la littérature a identifié leurs préférences et leurs raisons sous-jacentes.
La médicalisation de l’accouchement s’est accompagnée de la recrudescence du taux de césariennes à travers le monde. Pourtant selon l’OMS, « il n’y a manifestement aucune justification pour que dans telle ou telle région géographique, plus de 10-15 % des accouchements soient pratiqués par césarienne ». En effet, si justifiée médicalement, elle est efficace pour sauver la vie des mères et des nouveau-nés, avec un taux au-delà de 10%, la césarienne n’est pas associée à une baisse du taux de mortalité néonatale et maternelle. La banalisation de l’accouchement chirurgical a aussi influencé le choix des femmes si bien que certaines privilégient ce mode d’accouchement au détriment de la voie naturelle.
Dans une étude publiée dans la revue Women Birth, des chercheurs ont analysé les préférences des femmes en matière d’accouchement et les facteurs associés. Ils ont inclus dans cette revue de la littérature 65 études dont 48 quantitatives et 17 qualitatives.
Elle contenait 42 études provenant de pays à revenu développé, 21 à revenu intermédiaire, 2 de pays à faible revenu.
Le choix de la césarienne varie selon le revenu du pays
Si le choix préférentiel d’accouchement des femmes s’oriente vers la voie basse, il y en a toutefois 5% (Norvège) à 20 % (Italie) qui préfèrent accoucher par césarienne dans les pays à revenu développé. Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire l’écart est important puisque ce pourcentage passe de 1,4% pour les pays à revenu faible tels que le Niger, à 50% dans les pays à revenu intermédiaire comme la Turquie.
Pourquoi des femmes choisissent une césarienne ?
Des facteurs influent sur le choix du mode d’accouchement. Les auteurs ont relevé la parité et l’antécédent de césarienne. En effet, une étude de cohorte a montré que les femmes ayant eu des enfants étaient plus susceptibles de préférer une césarienne que les nullipares, respectivement 8,7% vs 3,5%. Cette observation était valable pour la Belgique, le Danemark, l’Estonie, la Suède, la Norvège et l’Islande.
Huit études ont étudié spécifiquement le choix d’accouchement des femmes ayant un antécédent de césarienne. Près de 55% des japonaises souhaitaient une autre césarienne et 46% des américaines. Des taux plus bas ont été rapportés dans des pays à plus faible revenu, au Pakistan, par exemple, il était de 19,3%.
À quel moment de la grossesse, les femmes font-elles le choix du mode d’accouchement ?
Selon les investigations, il semblerait que les femmes qui optent pour l’accouchement voie basse font ce choix avant la grossesse ou au cours du 1er trimestre et que la préférence est plutôt stable tout au long de la gestation. Pour celles qui ont déjà accouché par césarienne, le schéma est différent. Près de 76% qui préféraient accoucher par voie vaginale se sont finalement orientées vers une césarienne.
Quels sont les facteurs associés au choix d’accoucher par voie basse ?
Des études ont identifiés 6 raisons ou facteurs associés à la préférence d’un accouchement vaginal. Celles-ci ont rapporté la perception de la sécurité, la récupération, la peur de la douleur de l’accouchement, l’expérience de la naissance antérieure, l’encouragement ou au contraire la dissuasion des professionnels de santé, les influences culturelles, sociales et valeurs personnelles ainsi que l’accès à l’information et le niveau d’éducation.
Les paramètres sont divers, pour autant le professionnel de santé joue un rôle clé dans le choix des femmes. Comme l’illustre une étude italienne, 20% des femmes qui ont préféré la césarienne ont identifié l’influence de leur obstétricien, dans une étude américaine se sont 31% des femmes ou encore à Shanghai où le taux s’élève à 60%.
Quoi qu’il en soit, pour aider les femmes à faire un choix éclairé, les professionnels de santé, gynécologues, comme sages-femmes ont un rôle essentiel à jouer en termes d’informations. La prise de décision partagée doit être mise en œuvre pour réduire les interventions médicales inutiles ou au contraire favoriser l’acceptation des césariennes médicalement justifiées.
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