Dépossédée de l'accouchement, non préparée à cette éventualité, dans un contexte d'urgence,etc, la césarienne gâche le vécu psychologique de certaines patientes. Alors peut-on penser prévention? Le point de vue de l'association Césarine.
Du regret à la dépression post-partum
Sur le forum de l’association Césarine, nous rencontrons des mères pour qui le vécu de la césarienne a été négatif. L’éventail des conséquences de ce mal-vécu va du simple regret jusqu’à la dépression post-partum en passant par le syndrome de stress post-traumatique.
Le questionnaire* que les mères remplissent sur le site internet www.cesarine.org montre que 60% des femmes ont très mal ou plutôt mal vécu leur césarienne. Elles sont 22% à juger ne pas avoir assez eu de soutien matériel en suites de couches. Ce chiffre grimpe à 40% en ce qui concerne le soutien psychologique.
Afin de prévenir des conséquences psychologiques d’une césarienne, l’équipe soignante peut intervenir à différents stades :
Tout d’abord, avant la césarienne : En préparation à la naissance ou en consultation, aborder le contexte de la naissance par césarienne permet de mettre à plat les questions anxiogènes et/ou rappeler que la césarienne représente 1 naissance sur 5. Il est nécessaire de parler de ce sujet en amont pour s'y préparer au mieux.
Inviter les parents à rédiger un projet de naissance par voie haute comme par voie basse permettra de mettre en avant les questions et les a priori. Le projet de naissance est l'occasion d'échanger sur les indications et conditions techniques d'une naissance par voie haute. C'est aussi l'occasion d'informer les parents que les conditions pratiques d'accueil varient énormément d'une maternité à une autre (peau à peau, non-séparation mère-enfant, etc.).
Puis, pendant la césarienne : Parler à la mère, lui expliquer et inciter sa participation aux actes (ex : l'inviter à pousser en soufflant) afin de la rendre actrice. Permettre la présence du père et réduire au maximum la séparation de la triade mère-père-enfant lors de la surveillance post-opératoire.
Enfin, après la césarienne : Accompagner l'allaitement si c'est le souhait de la mère, prendre en charge la douleur et la reprise rapide de la mobilité. Faire le point sur ce qu’il vient de se passer (en post-partum immédiat mais également bien plus tard lorsque l'euphorie et le bouleversement de la naissance seront estompés): la chronologie des faits, les décisions médicales,… peuvent aider à prendre du recul et répondre à des questions que les mères n’arrivent pas encore à formuler. Les conséquences d’une césarienne ne doivent pas être éludées sous prétexte que la mère et son bébé se portent bien, mais elles doivent être prises en compte et la mère orientée vers des professionnels qui sauront lui apporter l’aide dont elle a besoin.
Le vécu négatif peut persister malgré tout car la naissance par voie haute n'est pas la voie de naissance espérée par la mère : dans ce cas-là, une écoute est toujours primordiale.