Si l’OMS recommande un délai de 24 mois entre chaque grossesse, après la naissance d’un enfant vivant, et de 6 mois après une fausse-couche ou un avortement, qu’en est-il après la naissance d’un mort-né ?
À ce jour, aucune recommandation n’aborde le délai optimal entre la naissance d’un enfant mort-né et une nouvelle grossesse.
Le délai entre une nouvelle grossesse après une mortinaissance joue-t-il sur l’issue de cette nouvelle grossesse ? Une étude publiée dans The Lancet a cherché à savoir s’il existait une relation entre ces 2 paramètres.
Dans une grande étude observationnelle de cohorte internationale, les chercheurs ont utilisé les données des registres de naissance Finlande (1987-2016), de Norvège (1980-2015) et d'Australie occidentale (1980-2015) où ils ont retrouvé 21 688 accouchements d’enfants mort-nés.
Les femmes enceintes (singleton) dont la dernière grossesse avait abouti à une mort foetale in utero à au moins 22 semaines de grossesse ont été incluses dans l’étude.
Quels sont les résultats ?
Au total, Parmi les femmes ayant accouché d’un enfant mort-né , 14 452 naissances ont eu une nouvelle grossesse menant à un enfant vivant.
Les auteurs ont observé que l’intervalle médian entre l’accouchement et le début de la grossesse suivante était de 9 mois (écart interquatile 4-19). Sur la population étudiée, 9109 femmes (soit 63%) ont conçu 12 mois après la mortinaissance et 37%, 6 mois aprés. Quand l'intervalle était inférieur à 6 mois, il s'agissait de femmes âgées de 25 à 34 ans. Les auteurs ont retrouvé une association entre un délai au-delà de 24 mois et une consommation de tabac.
Délai inférieur à 12 mois ou supérieur à 24 mois : Quelles différences ?
Par rapport à un intervalle de grossesse de 24 à 59 mois, les intervalles inférieurs à 12 mois n'étaient pas associés à une probabilité accrue de mortinatalité (OR ajusté groupé 1,09 [IC 95% 0,63-1,191] pendant <6 mois; 0 · 90 [0 · 47–1 · 71] pendant 6 à 11 mois). Les délais inférieurs à 6 mois n’étaient pas non plus associés à la prématurité (0 · 91 [0. 75–1 · 11] < à 6 mois; 0 · 91 [0. 74–1 · 11] entre 6 à 11 mois) ou à des petits poids d’âge gestationnel (0,66 [0,41–0,85] < 6 mois; 0 · 64 [0 · 48–0 · 84] entre 6 à 11 mois).
Les chercheurs n’ont pas retrouvé d’association entre la durée de la grossesse précédente, l’intervalle entre les grossesses et les complications à la naissance.
Ainsi, d’après ces résultats, concevoir dans les 12 mois suivant la naissance d’un enfant mort-né n’accroîtrait pas les risques néonatals pour une grossesse ultérieure.
C’est une donnée intéressante à connaître pour informer les couples concernés, même si cette étude présente des limites du fait de son caractère observationnel.
Références :
Association between interpregnancy interval and adverse birth outcomes in women with a previous stillbirth: an international cohort study - The Lancet VOLUME 393, ISSUE 10180, P1527-1535, APRIL 13, 2019
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